Le Front de résistance nationale (Frn) a mobilisé hier pour le contrôle du fichier électoral et des élections transparentes. Une marche marquée par le duel entre «Khalifistes et Karimistes». Une guerre des pancartes.

Sur le parvis de la Place de la Nation, un militant libéral, micro à la main, crie à fond : «Karim va participer par force.» Il fait allusion à l’élection présidentielle. Son intonation est suivie par celle d’autres militants. Ils chantent en chœur. Et brandissent des pancartes avec le même message. En plus d’un discours salé à l’égard du président de la République Macky Sall : «C’est un dictateur, Macky dégage.» Ce n’est que la phase rassemblement. Les «Khalifistes» aussi se font remarquer en affichant l’effigie de leur leader. Tantôt ils chantent tantôt ils lancent d’un air plus sérieux «Khalifa, Président». De ces entités, chacune veut être devant et montrer sa représentativité. Au fur et à mesure, jeunes et femmes descendent des cars et prennent le train en marche. Quelques minutes de communion entre opposants et le signal est donné. Destination la Rts. En rangs dispersés, ils défilent et s’arrêtent de temps en temps pour rappeler leurs revendications : «Nous voulons le retour de notre candidat d’exil» ou «Khalifa candidat».
La plupart ont arboré des tee-shirts blancs de Karim Wade. De loin, les couleurs jaunes et bleues captent les attentions. Ils poursuivent leur chemin avec des chants favorables à l’opposition et hostiles à l’actuel régime. La casquette à la place du foulard, d’une voix qui porte, Aïda Mbodji charge le chef de l’Etat : «Khalifa Sall et Karim seront candidats. Nous n’allons pas accepter que le pouvoir choisisse ses adversaires. Nous allons nous battre pour la liberté et la démocratie. La dictature ne va pas primer sur le respect des droits humains.» Son camarade, Oumar Sarr, secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais (Pds), embouche la même trompette. «Karim sera candidat quelle que soit la peur du gouvernement. Rien ne peut empêcher sa candidature.»

La hantise du «vol»
A trois mois des élections, l’opposition n’est pas rassurée quant à une organisation libre et transparente. Dès lors, elle exige le départ du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. «On ne peut pas être juge et partie. Le ministre de l’Intérieur est un militant de l’Alliance pour la République. Il ne doit pas organiser les élections. Si le régime veut des élections neutres, il n’a qu’à choisir un autre organisateur», revendique Oumar Sarr. Le responsable libéral réclame le fichier électoral qui, selon lui, a été mis sur une clé Usb et remis aux Apéristes dans le cadre du parrainage.
Le représentant du parti Rewmi, le député Déthié Fall, exige lui aussi l’accès de l’opposition au fichier électoral. Selon lui, le régime en place n’a pas l’intention d’organiser l’élection présidentielle dans les conditions requises. Fort de cela, il appelle à l’union.

Le Frn donne rendez-vous jeudi prochain
Sans doute galvanisé par la foule, Oumar Sarr a annoncé la prochaine étape de la lutte pour le contrôle du fichier électoral et des élections transparentes. A cet effet, il annonce une mobilisation de l’opposition le jeudi prochain devant le ministère de l’Intérieur. Oumar Sarr et ses camarades veulent «déloger» le locataire de la Place Washington pour que l’organisation de l’élection présidentielle soit confiée à une personnalité «neutre».
Stagiaire