La suite logique de la dégradation de la note souveraine du pays est l’augmentation du taux de crédit. Les bourses d’Angleterre et d’Allemagne ont donné le ton hier.Par M. G. – 

Les déclarations du chef du gouvernement et de certains de ses collaborateurs n’ont pas encore fini de faire des effets. Depuis ce funeste 26 septembre 2024 où le Premier ministre nous avait déclaré que le pays se trouvait au 36ème dessous, les choses ont commencé à dérailler à tous les niveaux.

Les Sénégalais avaient un moment pensé que la Cour des comptes, qui devait certifier les déclarations du Premier ministre, n’allait pas infirmer ses rapports antérieurs et allait remettre de l’ordre dans la maison Sénégal. Or, le rapport qu’il a sorti en février, tout en appuyant les propos du Premier ministre, a achevé de mettre le dernier clou sur le cercueil de l’économie de ce pays dont les actuels dirigeants disent qu’il était déjà au fond du trou.

Pas étonnant donc que les agences de notation les plus connues dans le monde lui aient donné la pire des notes qui puisse être. Le paradoxe est que durant les douze années de pouvoir de Macky Sall, que l’on cherche à nous convaincre qu’il a été calamiteux pour le pays, la note souveraine du Sénégal n’a jamais été négative. Ni Moody’s ni Standard & Poor’s n’ont jamais pensé à dégrader la note souveraine du pays. Il n’y a qu’en 2022, au pire moment des effets économiques du Covid-19, que la note de Moody’s a été un peu affectée, avant de revenir à la normale l’année suivante.

Or, maintenant, les bonnes nouvelles au plan économique deviennent rares. Hier, le taux de crédit du Sénégal a dévissé sur les marchés financiers en Allemagne et en Angleterre. Il a clôturé hier à 12.65% à Hambourg, contre 12.57% à Francfort. Le Quotidien n’a pu avoir hier des chiffres de Paris, néanmoins, rien n’indique que la place financière de la capitale française ne va pas s’aligner sur les autres places européennes. Jamais, depuis la première alternance politique, le Sénégal n’a vu son taux de crédit atteindre ce niveau.

En clair, si aujourd’hui le pays voulait lever des fonds sur les marchés financiers, il ne pourrait pas s’endetter à un taux moindre. Alors que le taux de l’Eurobond levé par le duo Diba-Sarr en fin de l’année dernière, de 7.75% pour une maturité de 7 ans, avait été jugé excessif, d’autant plus que jamais le gouvernement de Macky Sall n’avait levé des fonds à ce taux, les observateurs estiment qu’il serait impossible pour le pays d’obtenir un taux «aussi favorable». Cela dit, sans ironie.

Au moment où le front social est en surchauffe, le gouvernement pourrait difficilement trouver de l’aide sur le marché financier sans accord de coopération avec le Fonds monétaire international. Les économistes dans les cercles du pouvoir ont toujours considéré les institutions de Bretton Woods comme l’incarnation du Diable. Malheureusement, dans la situation dans laquelle leurs politiques plongent le pays, il y a lieu de craindre que leur ange soit plus maléfique que le diable des Occidentaux. Surtout qu’ils voudraient l’utiliser sans se détacher du système financier et économique international dominé par ledit diable.
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