Comme toujours en ces moments de dialogue entre le président de la République et le secteur privé national, la question de son implication dans les marchés de l’Etat s’est posée. Mais cette fois, le Président Sall a rejeté en bloc toute accusation de mise à l’écart du privé sénégalais dans les grands projets.

Le 13e Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi) s’est tenu hier au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). Comme à l’accoutumée, la rencontre a servi de tribune au secteur privé sénégalais pour demander une plus grande part des marchés de l’Etat. Mais cette fois-ci, le porte-parole désigné par les organisations patronales, M. Mansour Cama, président de la Con­fédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), s’est heurté à un bloc formé par le Président Macky Sall, son Premier ministre et son ministre de l’Economie, des finances et du plan. «Contrairement a ce qu’on veut faire croire, le secteur privé n’a jamais été partisan d’un marché totalement fermé aux étrangers. Mais, il ne sera jamais non plus la victime consentante de son éviction de son propre marché intérieur au moment où dans la plupart des pays, on revient à la préférence nationale. (…) Il s’agit seulement d’alerter notre Etat sur les risques qui naissent de la marginalisation de l’entreprise nationale», sert M. Cama en guise d’introduction. Il poursuit en rappelant au Président Sall les engagements pris devant le secteur privé de lui accorder une meilleure place dans les projets du Plan Sénégal émergent (Pse), notamment ceux financés sur ressources propres. Mais, poursuit le président de la Cnes, des rappels successifs n’ont pas été suivis d’effets. «Nos compatriotes ont le sentiment d’être victimes d’ostracisme de la part de notre propre Administration», informe M. Cama, en donnant l’exemple de l’attribution des grands chantiers de l’Etat comme l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) et le Train express régional (Ter).
La réponse du Président Macky Sall ne s’est pas fait attendre. Macky Sall réfute toute mise à l’écart du privé national dans l’attribution des marchés. Il en veut pour preuve le pourcentage important réservé au privé national dans les projets du Budget consolidé d’investissement (Bci) et du Programme triennal d’investissement prioritaire (Ptip).
A ce propos, le directeur de la Planification et des politiques économiques, Pierre Ndiaye, renseigne que le budget 2018 du Sénégal offre 1891,2 milliards d’opportunités d’affaires au secteur privé, soit 51% du budget qui est arrêté à 3709 milliards de francs Cfa. Sur ce montant, les 1597 milliards étant la commande publique. Le Premier ministre s’est pour sa part, appesanti sur les nombreux projets et programmes lancés ces dernières années tels que le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) avec des projets de routes, d’infrastructures routières et des concessions d’électricité. Autant d’opportunités destinées au privé national, selon Mahammed Boun Abdal­lah Dionne.

La sous-traitance aux entreprises locales
Dans son speech, Mansour Cama a donné l’exemple de l’entreprise Mng de Thiès qui maitrise la production de traversées monoblocs en béton, mais qui a été dédaigné au profit d’une entreprise portugaise dans le projet de Train express régional (Ter).
«On a un agenda et des délais techniques», se défend Macky Sall, en assurant que de nombreuses sociétés sénégalaises sont impliquées dans le projet Ter. «Nous avions exigé dès le départ que les entreprises travaillent sur des lots sur lesquels elles devaient absolument co-contracter avec des entreprises sénégalaises.» Ce que le Directeur général de l’Agence de promotion des investissements (Apix) est venu étayer. Selon Mountaga Sy, ce projet a été divisé en 6 lots pour favoriser la joint-venture et le transfert de compétence. Dans le premier lot qui concerne la plateforme ferroviaire, la Cse est impliquée à 35%. De même, dans le lot 2 portant sur l’ingénierie électrique, Engie, l’entreprise française choisie pour l’exécution, sous traite à hauteur de 30%. Dans le lot 3 sur la réadaptation de la voie ferrée, la Compagnie générale d’électricité (Cge) est aussi cotraitante. Dans le lot 4 portant réalisation des gares, c’est Getran qui est en charge de la réalisation de la gare de Diam­niadio.