Marginalisation du fonio dans les habitudes alimentaires : Sanoussi Diakité appelle à changer la donne
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La Journée du fonio a été célébrée mercredi à Dakar. «Il s’agit de consacrer une journée dans l’année pour mettre le fonio sous les feux de l’actualité en créant une agitation communicationnelle autour de la céréale, afin que l’opinion nationale et internationale se saisisse et débatte des questions de la filière. La journée n’est circonscrite ni à un pays, ni à une catégorie sociale, ni à un segment de la filière, ni à un aspect de la question, mais englobe tout cela à la fois», a justifié Sanoussi Diakité, président du comité d’organisation de cette Journée du fonio, par ailleurs Coordonnateur national de l’Association sénégalaise pour la promotion du fonio (Asprof). S’employant à amener les Sénégalais à intégrer le fonio dans leurs habitudes alimentaires, M. Diakité admet que «le fonio demeure encore marginalisé, cloisonné, défavorisé et pratiquement ignoré dans les politiques des Etats et dans les habitudes alimentaires des populations». Pour sortir cette céréale de son confinement dans des zones traditionnelles et en faire une denrée de consommation courante, il invite les décideurs, les opérateurs économiques, le monde de la communication, les consommateurs, les acteurs du développement à l’intégrer dans leur stratégie, leurs pratiques ou habitudes.
«La contrainte qui pesait sur le développement du fonio a longtemps été la pénibilité du décorticage à la main. Il fallait 2 heures pour transformer au mortier et au pilon 2, 5 kg de fonio Paddy. Cette contrainte de transformation a entraîné un abandon progressif de la culture du fonio et une chute drastique de la production au fil des années. D’un niveau qui atteignait, dans les années 50, jusqu’à 40% de la production céréalière, dans certaines zones comme le Fouta Diallon, le tonnage du fonio aujourd’hui ne dépasse nulle part la barre d’1%, sur l’essentiel de son aire culturale. La solution à cette contrainte est apparue avec l’avènement le 27 juillet 1993, de la machine à décortiquer», confesse l’inventeur de la machine à décortiquer le fonio qui, par ailleurs, précise que le 15 novembre, retenu pour célébrer la Journée du fonio, s’explique par le fait que cette date «correspond à la date du brevet de la machine à décortiquer le fonio». Un véritable enjeu économique pour le Sénégal en ce sens que la Hollande est la plus grande exportatrice de fonio, Sanoussi Diakité de laisser entendre que c’est bénéfique de consommer le fonio car c’est un aliment adapté aux diabétiques et permet de lutter contre l’hypertension et l’obésité.
«Le fonio, une réponse aux changements climatiques, à la malnutrition et à la souveraineté alimentaire», c’est le thème de la 14ème édition de la Journée du fonio qui a été célébrée sous forme de conférence, de manifestations populaires, de dégustations, d’activités culturelles, de débats dans les médias et d’expositions. «D’origine africaine, le fonio est cultivé dans 16 pays sur une bande qui s’étend du Cap-Vert au Tchad» et ne fait pas intervenir l’engrais dans son processus jugé rapide et n’appelle pas beaucoup d’effort.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn