La reprise de l’opérateur Tigo par Wari semblait scellée. Mais un grain de sable s’est glissé dans la machine. En effet, Millicom a annoncé hier avoir rompu le contrat le liant à Wari. A la place de Kabirou Mbodji, c’est Yérim Sow qui s’installe, porté par un consortium.

Dans le processus de cession de l’opérateur Tigo à Wari, il semble bien qu’un grain de sable a enrayé le mécanisme. La décision prise par le Groupe Millicom, propriétaire de Tigo, «d’exercer son droit de résilier l’accord de cession de sa filiale Tigo au groupe Wari» a en effet été notifié à Wari. Une décision que le groupe de Kabirou Mbodji dénonce avec la dernière énergie. Dans un communiqué de presse, la structure dit son étonnement devant «pareille forfaiture». «Wari s’étonne de l’annonce de Millicom faite aujourd’hui (Ndlr : hier) sur une remise en cause de la vente de Tigo et la rejette catégoriquement», souligne Wari qui explique s’être engagée dans un processus dont l’acte final devait être posé en novembre prochain. «Conformément au contrat de vente qui les lie, Wari a respecté tous ses engagements dans le cadre de l’acquisition du deuxième opérateur de téléphonie sénégalais, en payant le deposit initial de 10 millions de dollars et en conduisant une due diligence contractuelle de 9 mois (étude de tous les aspects commerciaux, légaux, financiers et techniques de Tigo) qui devait déboucher sur un paiement du reliquat au plus tard le 2 novembre 2017. En avance sur cet échéancier, Wari avait décidé de faire le paiement au plus tard le 30 septembre, conformément aux engagements de sa banque partenaire.» C’est la raison pour laquelle, indique le communiqué, que «Wari dénonce la rupture unilatérale du contrat par Millicom, interpelle les autorités sénégalaises et prend l’opinion à témoin pour empêcher pareille forfaiture».
En annonçant son intention de rompre le contrat le liant à Wari, Millicom annonçait également avoir trouvé un nouvel acquéreur avec le consortium composé du Groupe Teylium telecoms de Njj qui est le holding personnel du directeur de Free, Xavier Neil, et de Sofima qui est la branche investissements télécoms du Groupe Axian. Un consortium constitué autour de l’homme d’affaires sénégalais, Yérim Sow, qui est à la tête de Teylium. Wari qui proteste contre la manœuvre accuse le consortium de faire «un forcing». Elle informe que ce groupe (Free et Hassanien) avait déjà essayé de l’utiliser en lui proposant d’abord un chèque et quelques parts pour se désister de la course au rachat. «Puis, après signature par Wari de la cession de Tigo, ce groupe (Free et Hassanien) est revenu à la charge en se proposant comme partenaire technique avec comme condition encore de racheter Tigo moins cher et de réserver à Wari 5 à 10% de parts sociales. Ce que bien sûr par patriotisme Wari avait catégoriquement refusé», informe le groupe de Kabirou Mbodji qui ne se prive pas d’égratigner Yérim Sow. «Il est regrettable que, pour servir de faire-valoir, et pour des miettes, d’autres Sénégalais l’acceptent», ont conclu les responsables de la plateforme de transfert d’argent.

Millicom se défend
En conférence de presse hier, le directeur général de Millicom, Mohamed Dabbour, balaie toutes ces accusations du revers de la main. Selon lui, «Millicom a respecté le contrat et reste serein». En réalité, explique-t-il, Wari a trop attendu pour se conformer à ses engagements. «Pour qu’une vente soit conclue, il faut qu’il y ait un transfert d’argent. Or, ce transfert ne s’est pas fait. Conformément à l’accord qui nous liait, nous avons le droit de rompre le contrat si le paiement ne se fait pas.» Il explique qu’à compter du 2 juin, une clause du contrat permettait à Millicom de rompre celui-ci en cas de non-paiement. Mohamed Dabbour poursuit en mettant en pièces l’argument de Wari selon lequel sa société avait 9 mois pour procéder à l’audit de la société. «Le contrat de vente s’est fait après le due diligence (audit). Et c’est un process qui se fait avant la signature», explique M. Dabbour. En attendant le blanc-seing des autorités sénégalaises, M. Dabbour indique que Millicom a été séduite par l’offre du consortium de Yérim Sow dont il se refuse à divulguer. Elle se contente de préciser que «le projet du consortium garantit l’emploi et s’inscrit dans le développement de Sentel».
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