Le chef de l’Etat sénégalais a longuement évoqué hier à Assilah, au Maroc, lors du symposium tenu à l’occasion des 40 ans du Forum de ladite localité, l’intégration africaine en évoquant le traité instituant la Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine), les succès de la défunte Oua, le Nepad et les défis qui interpellent le continent noir.
L’intégration régionale était au cœur du discours du chef de l’Etat, lors de l’ouverture hier du symposium du Forum d’Assiah 2018. Dans cette localité marocaine, le Président Macky Sall est largement revenu sur ce sujet qui les tient à cœur, lui et ses pairs chefs d’Etat. Et c’est pour dire, entre autres, que «l’intégration se construit à la fois par la vision politique qui en définit les contours et les projets qui traduisent cette vision en actes». Macky Sall convoquera même le Traité portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), signé le 21 mars dernier à Kigali et qui «marque une étape qualitative vers l’objectif d’intégration». «La Zleca, rappelle le dirigeant sénégalais, vise à établir une libre circulation des personnes, une union douanière en 2022, et une Communauté économique africaine en 2028». Mais il ne peut s’empêcher d’avertir : «Entre-temps, il y a bien du chemin à faire. Il faudra apaiser des méfiances, vaincre des réticences et mener à bien les négociations sur la libéralisation des secteurs et l’harmonisation des politiques commerciales. De plus, l’expérience montre que le processus d’intégration s’accompagne d’un transfert progressif de souveraineté qui ôte à l’Etat une partie de ses moyens de régulation. Il y a donc un équilibre à trouver entre les impératifs de l’Etat-Nation et les nécessités du destin commun». «Dans le contexte de la menace terroriste, il faudra par exemple concilier le droit de libre circulation et l’obligation de contrôle pour des raisons de sécurité», préconise le chef de l’Etat sénégalais.
Macky Sall reste persuadé que «les Communautés économiques régionales offrent la meilleure voie pour aller au regroupement à l’échelle continentale, à la fois pour des raisons de continuité géographique, de cohérence économique et d’affinités socioculturelles». Il cite l’exemple d’intégration qu’est la Cedeao «qui développe, depuis 43 ans, une expérience communautaire réussie dans des domaines aussi divers que la prévention des conflits, le rétablissement et le maintien de la paix, l’encadrement des processus électoraux, le commerce et le développement». «Au nombre de ses succès figurent la libre circulation des personnes et des biens, le passeport et la carte d’identité communautaires, le Tarif extérieur commun et le projet de monnaie commune. Mais il y a des efforts à faire pour lever toutes les entraves à la libre circulation des personnes et des biens, notamment les barrières non tarifaires, les tracasseries et perceptions indues aux frontières», constate le premier des Sénégalais.
«Seul un ensemble continental intégré et solidaire permettra à l’Afrique de survivre à l’ère où s’entrechoquent opportunités, risques et incertitudes» devant la déferlante de la mondialisation et les grandes alliances économiques qui prospèrent.
Rappelant que «de l’Oua à l’Union africaine, les succès dans la quête de l’intégration sont indéniables», le Président sénégalais s’est penché sur «nos limites et nos défis» que «l’Union africaine s’attèle à relever depuis son lancement à Durban en 2002, et avec la dynamique créée par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad)». Puisque «la pacification complète du continent reste encore un objectif à atteindre, même si le nombre de conflits armés a drastiquement diminué. Le terrorisme reste une source de préoccupation sur le continent, même si la menace n’est pas spécifique à l’Afrique ; aucun pays au monde n’étant d’ailleurs à l’abri de ce fléau». «Au plan économique, les échanges commerciaux intra-africains restent encore faibles, puisqu’ils représentent à peine 15% du commerce total du continent. Enfin, même s’il continue d’afficher des taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale, le continent reste encore en retard dans quasiment tous les secteurs du développement économique et social», poursuit Macky Sall.
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