Les industries extractives de la région de Matam ont effectué des paiements cumulés d’environ 1,4 milliard de francs Cfa en 2016 contre 1 milliard en 2015. Alors qu’en 2014, les entreprises de la région n’avaient versé que 540 millions de francs Cfa au Trésor, a indiqué le Comité national Itie.
Les rapports Itie (Initiative pour la transparence dans les industries extractives) relèvent une hausse des contributions des entreprises présentes dans la région de Matam entre 2015 et 2016. En effet, souligne le Comité national Itie qui poursuit la dissémination des rapports Itie 2015 et 2016, «les industries extractives de la région ont effectué des paiements cumulés d’environ 1,4 milliard en 2016 contre 1 milliard en 2015. Alors qu’en 2014, les entreprises de la région n’avaient versé que 540 millions au Trésor». Cette hausse, expliquent les collaborateurs de Mankeur Ndiaye, président du Cn-Itie, «est due notamment à l’augmentation des productions de phosphate de la Société minière de la Vallée. La Somiva a démarré ses activités au cours du 2ème semestre de l’année 2014. La société est entrée en pleine production avec des volumes de 416 mille 366 tonnes de phosphate enregistrées en 2015. Un doublement de la production a été notée en 2016, soit 842 mille 604 tonnes dont 329 mille 103 ont été exportées». L’entreprise, selon le Cn-Itie, «compte atteindre une capacité de production pleine de 1 million 200 mille tonnes en 2018. D’autres entreprises sont également présentes dans la région de Matam et détiennent pour la plupart des permis de recherche. Il s’agit entre autres d’Amaafrique (Thilogne), de Mapathé Ndiouck (Orkadiéré et Aoure), de Kanel resources (Sud Kanel), de Nabadji minerals (Nabadji)». Ce qui justifie le choix porté sur la région de Matam pour l’organisation du troisième atelier de dissémination décentralisé des rapports Itie 2015 et 2016.
Sur le potentiel minier de la région, le Cn-Itie fait état d’un «important gisement de phosphate avec des réserves prouvées (à Ndendory et Ouali Diala) de l’ordre de 40 millions de tonnes et un potentiel de plus de 100 millions de tonnes de phosphate de chaux de très grande qualité. Dans le département se trouvent des lentilles de dolomie pulvérulente. Les dolomies, constituées de carbonate de calcium et de magnésium sont utilisées en tant que charge minérale dans de nombreuses applications : peinture et enduit, papier, revêtement de sol et pour amender les terres acides. A côté de ces deux grandes familles de minerais, des gisements marginaux d’argile céramique existent dans la région. Enfin, les matériaux de construction (sable, latérite) sont extraits dans la région».
Bond du paiement au titre des prélèvements de sable…
A ce propos, renseigne le comité, «le Service régional des mines de Matam a reporté un paiement de 4 millions 286 mille 200 francs Cfa en 2015 et 8 millions 836 mille francs Cfa en 2016 au titre des prélèvements par des particuliers de sable, de latérite entre autres substances».
Au vu des perspectives de développement du secteur extractif qui s’offrent à cette belle région de Matam, suggère Mankeur Ndiaye, «les pouvoirs publics et les agences de développement doivent appuyer davantage les entreprises locales dans le but de leur permettre de bénéficier de plus d’opportunités. Aussi, le dialogue entre les entreprises et les communautés devrait être pérennisé pour une meilleure prise en compte des préoccupations environnementales souvent invoquées par ces dernières». Aussi, souligne l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, «le développement local articulé avec l’impact des industries extractives dans la vie des populations reste un défi. Les citoyens établis dans les régions minières fondent beaucoup d’espoir sur les retombées de l’exploitation minière en termes de contenu local et de formation…». Il rappelle que «le Président Macky Sall accorde une attention particulière à la question de l’impact des industries extractives sur la vie des communautés». A preuve, indique M. Ndiaye, le chef de l’Etat soulignait dans le rapport Itie 2014 que «la mise en application de la réglementation sur la péréquation constitue un fondement de l’équité économique, sociale et territoriale». Ce qu’il vient de renouveler en Conseil des ministres tenu le mercredi 17 janvier 2018, en demandant au «gouvernement de mettre en place un groupe de travail, constitué des représentants des ministères et structures de l’Etat pressentis pour la matérialisation des recommandations afin d’impulser les réformes nécessaires à la transformation qualitative de la gouvernance du secteur. Il s’agit notamment de mise en œuvre effective des dispositions sur la péréquation».
dialigue@lequotidien.sn