Après sa montée historique des marches ce jeudi, la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop et son équipe ont sacrifié à la traditionnelle conférence de presse des films en compétition pour la Palme d’or ce samedi.

La cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, en compétition officielle au 72e Festival de Cannes, a fait part vendredi d’une «certaine tristesse» qui l’habite en étant la première réalisatrice noire à être dans la sélection officielle. «Mon premier sentiment était une certaine tristesse parce que je me suis dit, il a fallu attendre si longtemps pour que cela se passe. On est en 2019, c’est tard, c’est incroyable», a-t-elle dit lors de sa conférence de presse au palais du festival, estimant «qu’il faut travailler dur pour que cela devienne une certaine normalité». «Le fait de figurer dans ce si grand évènement cinématographique du monde est une grande nouvelle bien sûr», lance Mati Diop qui dit ne pas être responsable de cette première sélection officielle de réalisatrice noire. «Tant mieux, je suis très fière. Peut-être que je représente une nouvelle dynamique. Si c’est le cas, c’est important», souligne-t-elle, affirmant avoir «cruellement» manqué de figures noires qui pourraient constituer une sorte de référence dans le monde du cinéma. Revenant sur le film Atlantique en compétition officielle à Cannes, la réalisatrice indique que la mer omniprésente dans ce long métrage est «un personnage à part entière». «Ma vision était de faire de l’océan une complice, comme une force surnaturelle, qui avale la jeunesse. Je voulais la faire parler, lui prêter une voix, sa présence seule est éloquente et métamorphose», explique la réalisatrice.
Mati Diop a ainsi expliqué le lien qui existe entre ce court métrage Atlantiques (2009) avec un «s» et ce premier long métrage Atlantique en compétition officielle à Cannes. «J’ai ajouté un ‘’s’’ au court métrage, car à travers le récit de Serigne (le personnage du film), j’ai voulu évoquer d’autres traversées en mer intérieure comme la traite négrière, le voyage des colons vers l’Afrique. J’ai voulu faire une correspondance entre différents récits qui appartiennent à des moments de l’histoire», explique-t-elle.
Les jeunes acteurs Ibrahima Traoré, Adja Mariama Gassama, Amadou Mbow, Mame Bineta Sané qui étaient aussi à la rencontre ont évoqué les difficultés de tournage du film, surtout pour les séquences de transe, mais ont mis l’accent sur leur joie de réaliser leur rêve. Pour Oumar Sall, l’un des producteurs, «cette coproduction choisie a été faite en parfaite intelligence» avec les partenaires français, mais aussi la coopération sud-sud avec la Côte d’Ivoire.
Aps