Le blogueur mauritanien, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaïtir, est ressorti hier libre du Tribunal de Nouadhibou. Condamné à mort pour «mécréance» en première instance, il a vu la Cour d’appel de cette ville de Mauritanie ramener sa peine à deux ans de prison ferme. Une décision qui constitue un énorme soulagement aux yeux de Alioune Tine d’Amnesty international.

Un «énorme soulagement». Tel est l’avis du directeur du Bureau d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’énoncé du verdict du procès en appel du blogueur mauritanien, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaïtir, par la Cour d’appel de Nouadhibou. Alioune Tine ne s’est pas empêché, d’après lemonde.fr de déclarer : «Cette décision offre aux autorités mauritaniennes l’opportunité de changer leurs pratiques et d’arrêter de persécuter les militants des droits de l’Homme.»
Condamné à mort pour «mécréance» lors de son jugement en première instance, ce Mauritanien de confession musulmane et âgé d’une trentaine d’années est ressorti hier libre du Tribunal de Nouadhibou. Il a vu la Cour d’appel de la même ville ramener sa peine à deux ans de prison ferme, plus une amende de 60 mille ouguiyas (environ 145 euros, soit près de 95 mille francs Cfa). Une peine d’emprisonnement qui a été déjà purgée, car le jeune homme était arrêté en 2014.

Le Parquet général avait encore requis la peine capitale
Qualifiant mercredi de «propos blessants et diffamatoires envers le prophète Mahomed» ceux du célèbre bloggeur mauritanien, le Parquet général avait encore requis la peine de mort contre Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaïtir.
Cependant, il avait une nouvelle fois reconnu avoir relevé «dans son article des erreurs» qu’il avait «immédiatement corrigées dans un autre». L’accusé n’avait pas manqué d’exprimer «tout son repentir et ses excuses» et assuré à la Cour de sa «foi en Allah et en son prophète».
Des regrets qui vont constituer une brèche dans laquelle vont s’engouffrer les avocats de la défense. Et c’est pour demander à la Cour d’appel de tenir compte de «ses regrets et excuses sincères», mais aussi «d’annuler sa condamnation» et d’accorder à leur client des «réparations pour les souffrances qu’il a subies».
Le directeur du Bureau Afrique de l’Ouest et du Centre d’Am­nesty international n’a pas manqué de plaider pour la libération des deux militants anti-esclavagistes, Moussa Biram et Abda­llahi Matallah, qui sont incarcérés depuis cinq cents jours. Human rights watch (Hrw) avait également surfé sur la demande de libération du blogueur qui était considéré comme un prisonnier d’opinion «qui n’aurait jamais dû être poursuivi».
Le Bureau Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international attend aussi des autorités mauritaniennes qu’elles fassent tout pour que le blogueur «retrouve sa dignité et puisse vivre sans craindre pour sa vie». Mais plusieurs sources indiquent que pour des raisons de sécurité, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaïtir pourrait être accueilli dans un pays étranger.
Le blogueur Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaïtir, dans son article, avait critiqué l’utilisation de la religion pour justifier certaines discriminations dans la société mauritanienne, allant même jusqu’à dénoncer devant la Cour le traitement dont est, d’après lui, «victime» sa communauté, les Maalmines (forgerons), «tant au plan social que religieux».
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