Un groupe de jeunes africains, vivant depuis plusieurs années en Mauritanie, a «décidé de se battre malgré des circonstances défavorables» pour s’offrir un avenir dans la musique. «Nous devons reconnaître que les conditions ne sont pas encore réunies dans ce pays pour vivre de la musique, où à côté de la tradition, il y a le manque d’infrastructures et l’absence de producteurs», confient en chœur François Mendy, et Pape Ndimbeulo, respectivement pianiste et lead-vocal. «Mais nous refusons de baisser les bras en continuant à répéter et à préparer la sortie d’un album dans les semaines, voire les mois à venir», ajoutent les deux Sénégalais établis dans ce pays, depuis plus d’une dizaine d’années.
Autour du «Talibé Groupe», le quinté «de musiciens» mauritanien, sénégalais et togolais dit ne ménager ni sa peine, ni son temps pour vivre de cette passion. Ils se voient dans un avenir proche «vivre de leur art, faire les grandes scènes du monde aux côtés de grandes têtes d’affiche».
«Nous jouons dans les hôtels et à de rares occasions dans les festivals organisés dans la capitale mauritanienne, mais ce n’est pas suffisant quand on veut faire de la musique», a indiqué le lead vocal Pape Ousmane Diop.
Pour l’amour de la musique, le natif de Saint-Louis (nord) a plaqué son métier «de soudeur métallique et le football» pour apprendre les techniques du son à l’institut français de Nouakchott. «Actuellement, je gagne ma vie en tant que technicien de son dans une entreprise privée et j’en profite pour me consacrer à ma passion», a-t-il expliqué.
Assis à côté, François Mendy, né en Mauritanie et chargé de maintenance dans un grand réceptif hôtelier de la capitale mauritanienne, acquiesce de la tête et présente son lead vocal comme un futur grand. «C’est du tout bon, il est modeste et quand je l’ai rencontré, je n’ai pas hésité à faire chemin avec eux», déclare le Thiessois, pianotant du doigt sur ses cuisses. François Mendy, qui donne «des cours de piano» et continue à vivre de son travail de technicien, croit dur comme fer à l’avenir de Talibé Groupe.
«J’ai vu que nous avions les mêmes passions et j’ai senti qu’on peut faire de grandes choses ensemble», a indiqué le pianiste, qui a hébergé le dernier à arriver dans le groupe. «C’est un jeune Togolais arrivé du Mali pour jouer au football. Finalement, n’ayant pas réussi à franchir des paliers, il nous a rejoints», a expliqué le Thiessois, devenu le tuteur du nouvel arrivant.
Avec un autre Sénégalais et un Mauritanien travaillant dans une institution bancaire, le quinté qui se voit un grand avenir tente de tenir à bout de bras le Talibé Groupe. «Nous faisons de la world music, nous sommes ouverts à tout avec des chansons en wolof, en français et anglais pour toucher le maximum de personnes», relève le lead vocal qui rappelle s’être battu pour faire accepter sa passion à sa famille. «Je suis le fils d’un dignitaire religieux de Saint-Louis et il a fallu le convaincre que ma passion ne va pas me détourner de ma foi», a-t-il fait savoir.
Le Talibé Groupe qui «continue son apprentissage», s’inspire des faits de société, comme la mendicité et la solidarité, pour faire passer des messages en attendant une véritable industrie musicale dans leur pays de résidence.
Aps