Le Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale (Sic­trass) menace de revenir sur la suspension de son préavis de grève décidé en juillet dernier. Hier, face à la pres­se à l’Hôtel de ville de Dakar, le Sictrass a exigé le respect des engagements pris par l’Etat avant de menacer de réactiver son préavis.

Les inspecteurs et contrôleurs du travail sont chargés de veiller au respect des conditions des travailleurs dans les entreprises. Paradoxalement, ils vivent eux-mêmes dans la «galère». Conditions de vie et de travail «indécentes», traitement salarial «indigne de leur rang», absence de plan de formation et de plan de carrière. Voilà les maux qu’ils dénoncent avec des mots crus. En juillet 2016, le Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale (Sictrass) avait déposé un préavis de grève au niveau du ministère de la Fonction publique. Grève qu’ils avaient suspendue à la suite des négociations entamées avec l’Etat. Face à «l’inertie» des autorités, le Sictrass «n’exclut maintenant aucune éventualité» et tient le gouvernement responsable des perturbations à venir.
Hier face à la presse, le syndicat a accusé le ministre du Travail, Mansour Sy, de procéder à une tentative d’isolation du syndicat en refusant «délibérément» de recevoir son bureau exécutif national. Malgré cette situation, le Sictrass compte poursuivre son combat. Il continue à exiger la mise en œuvre intégrale des points consignés dans le protocole d’accord de 2011. Ainsi que la matérialisation des engagements pris par le gouvernement dans le cadre du pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique à l’égard de l’administration du travail. Selon le secrétaire général du syndicat, malgré «les difficiles conditions» de travail, d’autres missions leur ont été assignées. Il s’agit entre autres de l’observation du climat social, la promotion de la paix sociale, la promotion de l’emploi décent, l’amélioration des rapports humains et sociaux et des relations professionnelles.
Pour cette raison, Mamadou Camara Fall a en déduit qu’il existe une disproportion entre leurs missions et leurs conditions de vie et de travail. Il dit : «A titre d’illustrations, la dernière enquête de l’Ansd qui date de 2014 a révélé que notre pays compte près de 11 mille entreprises, sans oublier la mise à jour du répertoire national des entreprises et associations de 2012, publiée en août 2013 et qui a recensé pas moins de 342 mille 550 unités. Comparativement, actuellement moins d’une centaine d’inspecteurs et contrôleurs du travail sont appelés à veiller au respect de la législation du travail dans ces entités.» Selon lui, même avec cet effectif «insuffisant», composé d’une cinquantaine d’inspecteurs et contrôleurs du travail évoluant au niveau des 16 inspections du travail et de la sécurité sociale existantes, des performances ont été réalisées. Il cite : «Les montants des transactions financières résultant des conflits réglés au niveau des inspections du travail se chiffrent à plus de 541 millions de francs Cfa pour l’année 2015 contre plus de 337 millions de francs Cfa en 2014, au bénéfice des travailleurs.» M. Fall a par la même occasion révélé que le nombre des contrôles effectués par les inspections du travail a plus que triplé de 2012 à 2015.

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