Quelles ont été les premières actions de l’Asc Yarakh pour dépolluer la baie de Hann ?

Créée en 1976, l’Asc Yarakh a lancé la première alerte en 1987. Une pré-semaine de la baie de Hann a d’abord été organisée pour sensibiliser les enfants au niveau de l’école et ensuite en 1988 la semaine de la baie de Hann qui consistait, elle, à sensibiliser et les autorités et les populations riveraines sur les risques encourus. A cette époque, nous étions des étudiants à l’Ucad. Nous avions commencé à nettoyer notre portion de plage. 500 m que des étudiants du quartier et moi-même nettoyions tous les jours pour pouvoir réutiliser la plage. Des ateliers et d’autres rencontres ont suivi cette action. Mais nous n’avions toujours pas eu l’effet escompté.
Quelle suite a-t-on donné à ces premières actions de l’Asc ?
Quand nous nous sommes rendu compte qu’il fallait plus que cela pour nettoyer la baie de Hann, nous avons initié en avril 2001 une pétition qui va pousser le gouvernement à agir. Cette pétition qui a obtenu près de 3 500 à 4 000 signataires a abouti sur la table du Premier ministre de l’époque, Mame Madior Boye. Nous avons été reçus le 23 août 2001 par le ministre de l’Environnement Modou Diagne Fada. Et le 19 février 2002, pour la première fois, un Conseil interministériel sur la baie de Hann a été tenu. Au sortir de ce celui-ci, un document a été adopté avec 2 points : la dépollution et la restructuration.
De 2002 à aujourd’hui, quelles ont été les actions mises en œuvre pour mettre un terme à la pollution ?
Il y a un projet semi-collectif pour recueillir les eaux domestiques, mais il a échoué. En 2004, il y a eu le projet Pelt (Programme eau à long terme). Il s’agissait de désencombrer la baie et de créer un parc piroguier. Cela n’a pas marché. En 2006, il y a eu un autre projet de 2 milliards de F Cfa, financé par les Néerlandais. Il a été mené par Sen environnement dont l’objectif était d’enlever 80 mille m3 de déchets, de nettoyer la baie sur 24m (7m en mer et 17 m sur la mer) et d’installer un filet de retenu. Sen environnement nettoyait la plage et la mer en profondeur. La baie était nickel, très propre. Mais il n’y a malheureusement pas eu de suivi. L’Etat du Sénégal qui devait verser un pourcentage de 700 millions de F Cfa n’a pas honoré ses engagements. Tout le matériel de nettoiement a été amené ailleurs. Cela nous a donné du grain à moudre.
Qu’en est-il du projet financé par l’Afd et la Bei ?
En 2008, Abdoulaye Wade avait défendu le projet de dépollution et de restructuration de la baie de Hann et récolté un financement d’environ 34 milliards de F Cfa de l’Agence française de développement (30 millions d’euros) et de la Banque européenne d’investissement de (20 millions d’euros). Le projet de dépollution consistait à mettre en place un collecteur de 13 km, partant du port jusqu’à Mbao, auquel seraient branchées toutes les sociétés dans les environs. Ensuite, il y aurait 5 stations de pompage, une station d’épuration à Mbao à partir duquel on mettra un émissaire sous-marin qui va rejeter les eaux à 3 km à Mbao. Dans ce projet, on avait aussi mentionné 10 mille branchements domiciliaires, plus l’assèchement du canal 6. Un comité national de suivi et d’action avait été mis en place et l’Onas a été chargé de la mise en œuvre du projet. En mai 2013, lors du Conseil des ministres décentralisé à Diourbel, Macky Sall avait donné des instructions pour ce projet de dépollution de la baie de Hann, mais rien n’a été fait. Le démarrage des travaux, qui était prévu en 2014, a été reporté en 2015, ensuite en 2016, et maintenant on est à la fin de 2017. Seul le processus de restructuration est en train d’être mis en œuvre. Certaines maisons sont en train d’être démolies, c’est pour élargir les rues et créer des voies d’accès pour sécuriser le village et permettre l’accès des camions de ramassage d’ordures. Cependant, pour ce qui est des travaux de dépollution, ça tarde à démarrer.