Mbaye Seck, président du Clpa de Joal : «Cette maladie touche les pêcheurs depuis plus de 30 ans»

Les pêcheurs de Joal confortent la thèse agitée par Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et du développement durable, sur l’origine de cette maladie inconnue, qui affecte leur communauté. Selon Mbaye Seck, coordonnateur du Clpa (Conseil local de la pêche artisanale) de Joal-Fadiouth, la contamination de l’eau par les algues serait à l’origine de cette maladie qui a touché plus de 260 personnes ces derniers jours à Joal, Mbour et Ndayane. Selon lui, «cette maladie touche les pêcheurs depuis plus de 30 ans». Même si elle n’a jamais frappé autant de gens.
Du haut de ses 46 ans d’expérience en haute mer, il explique : «Cette maladie mystérieuse dont on parle est bien connue du milieu des pêcheurs. Ce n’est pas nouveau pour nous. Elle est causée par certaines algues qui sont toxiques. Et elles sont plus toxiques quand elles meurent. C’est une plante qui n’est pas fixe, elle se déplace dans la mer. Les pêcheurs connaissent bien ce phénomène. Cette algue peut brûler la personne qui la touche. En plus de cela, elle produit de la boue et avec l’effet du courant marin, celle-ci circule.» Il poursuit ses explications : «Pour attirer le poisson, le pêcheur jette son filet et attend un certain temps pour le tirer. Et souvent c’est très difficile à manipuler. Cette boue qui sort au moment où le pêcheur tire le filet, surtout le mono-filament, est toxique. Et au contact de la peau elle te brûle. Maintenant, si tu as une allergie à cette boue, elle brûle ta peau.» D’après le coordonnateur du Clpa de Joal-Fadiouth, ce n’est pas la première fois que cette maladie apparaisse dans la communauté des pêcheurs. «J‘ai fait plus de 30 ans comme pêcheur. Ce n’est pas la première fois que je vois cette maladie. Elle n’est pas nouvelle chez nous. D’ailleurs, lorsqu’un pêcheur est atteint de cette maladie, il restait à quai le temps de se soigner. La personne atteinte prenait juste des antibiotiques comme l’Amoxicilline et trois jours après les boutons disparaissaient complétement. Ce n’est pas un produit toxique versé dans la mer», précise de façon catégorique Mbaye Seck.
Malgré la psychose qui s’est emparée de la population, M. Seck essaie de rassurer les consommateurs de poisson. Il est certain que les résultats qui sortiront du laboratoire ne prouveront pas le contraire. Il dit : «Ils ne révèleront rien de toxique ou de dangereux pour la ressource. J’en profite pour dire à la population qu’il n’y a aucun danger à consommer le poisson. Cette maladie sera toujours là et les pêcheurs qui vont en mer pourront toujours l’attraper lorsqu’ils seront en contact avec cette algue. Vous verrez bientôt qu’elle va disparaître. Actuellement la mer n’est pas agitée, mais vers décembre lorsqu’elle le sera, les grosses vagues vont la mélanger avec l’eau et elle va disparaître. Ce n’est pas une maladie (Sic).»