Tivaouane a un nouveau khalife. Il s’agit de Serigne Babacar Sy Mansour, qui a été intronisé hier, à l’occasion de la cérémonie officielle du 3e jour du rappel à Dieu de Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine», qui marque la fin des obsèques du défunt khalife.

Le Khalifat des Tidianes revient à Serigne Babacar Sy plus connu sous le nom de Serigne Mbaye Sy «Mansour». A 85 ans, il est le plus âgé des petits-fils, comme il en a toujours été ainsi à Tivaouane. Porte-parole depuis 6 mois, Serigne Mbaye Sy «Man­sour», né en 1932,  formé à l’école de Tivaouane, fils aîné du défunt deuxième Khalife général des Tidianes, El Hadji Mou­hamadou Mansour Sy Maodo (1900-1957), qui est le grand frère de Serigne Abdou Aziz Sy «Dabakh», est, désormais, le Khalife général de la famille de Seydi El Hadji Malick Sy de Tivaouane et de la confrérie tidiane. L’homme de Dieu, qui rassure par sa franchise, sa droiture, sa rigueur et son attachement sans faille à la charia et à la Sunna du Prophète Mou­hamed (Psl), a été intronisé, khalife, suite au rappel à Dieu, hier, de Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine». Lui, c’est la passion de la vérité. Serigne Mbaye Sy Mansour, connu pour son franc-parler, apparait comme le gardien vigilant et intransigeant des vertus qui s’attachent à Tiva­ouane. Partout, Serigne Mbaye Sy, qui se distingue par la constance de ses engagements moraux et la conformité de ses actes, de ses actions aux préceptes de l’Islam dont les plus fondamentaux pour la communauté musulmane sont la vérité, la paix et la justice, impose le respect, car il ne transige pas avec les principes et encore moins avec la Tarikha. Un caractère qu’il tient de son père, El Hadji Mansour Sy, de son parrain, Serigne Babacar Sy, de celui qui fut son tuteur et protecteur, Seydi Djamil. Dès lors, il est facile de comprendre pourquoi le fils aîné de Serigne Mansour Sy Maodo, qui «préfère le sens de l’honneur aux honneurs faciles», reste tel qu’il est : «Un pur orthodoxe, qui sait fuir les contingences pour se réfugier dans la vérité.» Le culte de la vérité étant la nourriture quotidienne de Serigne Mbaye Sy Mansour. Un homme de vertu dont la personnalité s’impose partout par son attachement immuable à la vérité et au désintéressement. Une illustre personnalité religieuse, digne héritier de son père et de son grand-père.
Fils de Sokhna Aminata Seck, la fille bénie de Doudou Seck Bou El Mogdad (1867-1943), un grand dignitaire de Saint-Louis dont les qualités morales étaient la générosité et la vérité en tout, qui est aussi le père de Sokhna Rokhaya Seck, mère de Serigne Moctar Mbacké ibn Cheikh Balla Thioro Mbacké. D’ailleurs, Khaly Madiakhaté Kalla, à qui il assurait l’hospitalité à Saint-Louis, lui a même dédié d’admirables poèmes en guise de remerciements pour sa gentillesse et d’éloges pour son attachement à la vérité. Un homme de vérité et de justice. C’est l’image que l’opinion publique a de Serigne Mbaye Sy «Mansour», qui fait l’unanimité autour de sa personne et sur sa personnalité.
Chez lui et avec lui, la liberté n’abdique point et la vérité n’est pas une guenille à vendre. En raison de son incorruptibilité, de sa sincérité et de sa constance, le fils aîné de Serigne Mouha­madou Mansour Sy «Maodo», qui se caractérise surtout par son discours direct, franc et engagé, renferme en soi une âme qui s’accommode de valeurs morales universelles. Sa mère, Sokhna Aminata Seck, tant chantée par les prestidigitateurs de la parole, fut surtout une épouse modèle, un exemple achevé de femme de foi et probité. Durant toute sa vie, elle a été pudique et inextricable dans son attachement aux valeurs socioreligieuses qui fondent la femme.
Cheikh Oumar Sy Djamil peint le nouveau Khalife, Serigne Mbaye Sy Mansour, comme une «université vivante, un silo inépuisable de grandeur morale et de vertu. Un Ambassadeur infatigable de la Tidjiania et un promoteur inlassable de l’éthique islamique». Alors qu’une des raisons principales de sa crédibilité et du respect unanime dont il jouit auprès des citoyens de toute obédience est qu’à une vision égoïste et épicurienne du monde figée dans des hiérarchies sociales fondées sur le sang, l’appartenance socio-familiale et le lobby confrérique, il substitue une vision morale et religieuse du monde et de la société, instaurant la valeur islamique et la responsabilité citoyenne.

Intransigeant et généreux
Le nouveau Khalife aurait pu avoir des instincts aristocratiques, étant un petit-fils de Sokhna Safiétou Niang, deuxième épouse de El Hadji Malick Sy, cousine du roi Alboury Ndiaye, fille de Sokhna Arame Bonkho, qui hérita de son père, Biram Khoudia Tam, le sens de l’honneur, le culte de la vertu, la passion de la justice et le choix de la vérité, qui n’hésitait pas à se dépouiller de ses biens et à se dégarnir de ses matériels dans l’unique but de satisfaire l’hôte de son époux ou le voisin. Serigne Mbaye Sy «Mansour» aurait également pu s’illustrer par un esprit dirigiste en raison de l’autorité morale dont il jouit. Mais, tout indique qu’il a préféré procéder à un sacrifice du Moi individuel pour atteindre et faire atteindre le suprême soi. Cour­tois et franc, cultivé et très policé dans le comportement, Mbaye Sy se singularise par de nobles valeurs et principes dans le ca­dre, surtout, de la gouvernance politique, de gestion de la cité et des rapports de citoyenneté. Chez lui, la défense de la Foi islamique est intrinsèquement ad­jointe à celle de la République, de l’unité nationale, de la paix civile et de la citoyenneté. Rien ne l’impressionne. Rien ne l’ébranle. Rien. Sa conception de la vie étant exclusivement liée à la loi du Saint-Livre, dit-il, toujours que «Devant Dieu, qui est Seul souverain, nul n’est fort et tous sont périssables». Dans son action de tous les jours et dans ses dialogues permanents avec les citoyens musulmans, Mbaye Sy «Mansour» se conforme toujours aux règles coraniques et morales dans le seul but «d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu, avec la société et avec le reste du monde». Ainsi, ce grenier impressionnant de valeurs morales, qui n’a jamais alimenté la controverse en raison de sa probité morale et de sa conformité avec les règles morales, qui font la grandeur d’un guide religieux, reste une référence qui forge la fierté du talibé tidiane.
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