A quelques semaines de la Cop29 prévue à Bakou, les rencontres préparatoires s’enchaînent à Mbour. Les femmes africaines tentent de jouer leur partition et alertent sur l’impact nocif des industries extractives polluantes sur la vie communautaire. Par Alioune Badara CISS –

La troisième Assemblée des femmes sur le climat (Wca), ouverte à Saly, sera clôturée le 11 octobre 2024. Cette rencontre africaine majeure, qui réunit plus de 120 femmes activistes et leaders communautaires de 12 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, discute de la crise climatique urgente qui frappe le continent africain, sous le thème : «Les femmes africaines s’unissent pour défendre nos terres, nos eaux et nos forêts !» Cette année, l’objectif général de l’Assemblée des femmes sur le climat est de renforcer et d’unifier les luttes menées par les femmes contre les industries extractives polluantes et les fausses solutions à la crise climatique en Afrique de l’Ouest et du Centre, et de proposer des solutions de développement centrées sur les femmes et qui permettent à celles-ci, à leurs familles et à leurs communautés de vivre décemment, en préservant leurs moyens de subsistance à une époque où la crise climatique s’aggrave.

D’ailleurs, Fatou samba, la présidente des Femmes transformatrices du site de Khelcom de Bargny, dessine un tableau très sombre de la situation que traverse le Sénégal face aux changements climatiques. C’est pourquoi elle magnifie la tenue de cette troisième Assemblée climatique des femmes au Sénégal, avant de présenter la situation du Sénégal. «Les problèmes sont partout, c’est la cas de Bargny où nous vivons avec une centrale à charbon et aussi l’avancée de la mer. Dans le Sine Saloum, il y a l’exploitation du pétrole, à Saint-Louis avec le gaz. La centrale à charbon nous a impactés négativement, c’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de mener le combat contre ces installations. Cette année-ci aussi, il y a la dégradation de l’environnement et tout cela est lié aux changements climatiques», déplore Fatou Samba.

A l’en croire, cette rencontre est un partage d’expériences avec ces femmes de la sous-région. Pourquoi ? «Parce que dans chaque pays africain, il y a un problème similaire à celui du Sénégal. Donc, cette rencontre va nous permettre de faire des échanges. Chaque pays ou chaque communauté peut nous expliquer comment elle vit ? Et comment elle veut que sa communauté se développe ? Nous sommes ici pour nous compléter pour qu’ensemble, nous puissions combattre ce qui se passe en Afrique face aux changements climatiques. Je pense que le Sénégal est le pays le plus impacté avec l’exploitation du gaz et du pétrole, l’avancée de la mer, la centrale à charbon, il y a les établissements classés de catégorie 1 qui nous impactent tous. Il y a beaucoup d’installations faites au centre des villes où vivent les communautés, et cela ne devrait pas se passer comme ça. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de nous regrouper pour faire des échanges et nous projeter sur ce qui sera bon pour les communautés», se réjouit la présidente des Femmes transformatrices du site de Khelcom de Bargny.

Contrairement au Sénégal, la Côte d’Ivoire se plaint de problèmes fonciers. Josiane Boyo, Ivoirienne, indique que les problèmes sont nombreux en Côte d’Ivoire. «Nous sommes victimes d’accaparement de terres par les multinationales et aussi ces dernières polluent l’air, les eaux et la terre. Donc, ce sont des problèmes de ce genre que nous rencontrons le plus en Côte d’Ivoire», liste Mme Boyo. Elle explique les stratégies mises en place : «Nous faisons des plaidoyers auprès de nos élus locaux, auprès de nos gouvernements, pour que ces multinationales essayent quand même de respecter les normes écologiques. Nous attendons de cette assemblée que nos gouvernants entendent ce que nous allons leur dire ici. C’est la 3ème fois que nous participons, mais qu’est-ce qui a changé ? Cette année, on espère que nos gouvernants vont entendre, nous les femmes, ce que nous leur disons ici et que la situation va changer à partir de maintenant.»
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