Réunis hier à Saly pour leur 41ème Assemblée plénière, les membres du Haut conseil du dialogue social (Hcds) planchent sur le rapport annuel de l’état du dialogue à travers leur dernière plénière de l’année 2025. Entre satisfaction liée à la baisse des prix et alerte rouge sur les licenciements massifs, l’heure est à l’urgence d’une médiation concrète.

Par A. B. CISS –  Le dialogue social sénégalais est à la croisée des chemins. C’est le constat majeur qui ressort de l’ouverture des travaux de la 41ème session plénière du Haut-conseil du dialogue social (Hcds), qui se tient depuis hier à Saly. Cette rencontre, la dernière de l’année 2025, vise à évaluer le climat social et à préparer le rapport annuel destiné au président de la République, sous le prisme de la nouvelle doctrine nationale, le «Jub, Jubal-Jubanti».
Si les partenaires sociaux ont salué les efforts du gouvernement pour soulager le panier de la ménagère, le tableau d’ensemble reste contrasté. Pape Birama Diallo, vice-président représentant les travailleurs, n’a pas occulté les zones d’ombre. «C’est l’occasion pour nous de magnifier les mesures prises par le gouvernement de baisser les prix des produits et services de première nécessité. C’est une avancée significative», a-t-il d’abord reconnu. Cependant, le ton s’est durci à l’évocation des crises sectorielles. M. Diallo a dressé une liste exhaustive des points de friction tels que les lenteurs administratives, la non-généralisation de l’indemnité de logement et, surtout, la situation catastrophique du secteur des Btp où les chantiers sont suspendus depuis un an.

Le représentant des travailleurs a tiré la sonnette d’alarme sur les licenciements au sein des structures publiques comme Dakar Dem Dikk, le Port autonome, entre autres, et les tensions dans les hydrocarbures.

Selon lui, à l’usine de gaz de Fortes A à Ngadiaga, la grève dure depuis trois mois pour cause d’arriérés de salaires. «Le gouvernement doit corriger cette erreur. L’autorité gagnerait à accorder une attention particulière à ce secteur stratégique afin d’éviter tout risque d’embrasement social», a martelé Pape Birama Diallo.

Face à ces défis, le président du Hcds, Mamadou Lamine Dianté, a réitéré sa conviction que le dialogue reste l’unique rempart contre l’instabilité. Pour lui, l’innovation de cette année réside dans l’inclusion des comités sectoriels et des universités pour garantir un rapport exhaustif et crédible. «Le dialogue social est la seule voie pour une stabilité sociale durable», a affirmé Mamadou Lamine Dianté. Il a également insisté sur la nécessité d’éclairer les interlocuteurs autour de la table qu’«il faudrait que, surtout du côté des travailleurs comme du côté des employeurs, on puisse savoir qui représente qui et qui doit pouvoir être un interlocuteur crédible», a-t-il suggéré. M. Dianté a aussi profité de la tribune pour féliciter les ministères de la Justice, de la Santé et de l’Economie pour la mise en place de leurs comités de dialogue, tout en invitant le ministère de la Communication à leur emboîter le pas pour stabiliser le secteur de la presse.
Malgré les tensions actuelles, une note d’espoir subsiste. Le Hcds mise sur les recommandations de ce futur rapport pour que les autorités apportent des mesures correctives dès le début de l’année prochaine. Ainsi, l’objectif affiché par Mamadou Lamine Dianté est clair : «C’est de transformer les confrontations en consensus pour permettre la création de richesse prônée par la Primature.» Les travaux se poursuivent à Saly avec l’espoir que 2026 marque la fin des  incompréhensions et le respect effectif du Pacte national de stabilité sociale signé depuis lors.
 abciss@lequotidien.sn