#Mbour – Conséquences des saccages et violences : L’activité économique au ralenti
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La ville de Mbour peine encore à retrouver l’essentiel de son activité économique, du fait de la crainte que les manifestations commencées le jeudi dernier ne viennent à reprendre.Par Alioune Badara CISS (Correspondant) –
A peine sortie du statut de ville presque morte suite aux violentes manifestations qui ont eu lieu jeudi dernier, l’économie de Mbour, qui tournait au ralenti, reprend peu à peu vie, mais avec beaucoup de difficultés.
Les deux piliers de l’économie mbouroise ont du mal à se tenir debout car ayant été mis Ko par la violence des pilleurs, qui ont tout saccagé et incendié. C’est le cas de la pêche, qui cherche désespérément à retrouver ses mareyeurs, comme le dit Maïssa Ndao, un acteur du secteur. «Nous croisons les doigts et remercions le Tout-Puissant parce que les manifestants ne sont pas arrivés au niveau du quai de pêche de Mbour. Mais il n’empêche que nous vivons les contrecoups de cette violence, car les mareyeurs se font désirer dans cet endroit. Ces gens qui venaient de Dakar, Thiès, Touba… pour acheter du poisson, ont connu la peur de leur vie. Ils circulent souvent avec beaucoup d’argent, c’est pourquoi ils ne veulent pas prendre le risque de venir ici, car l’atmosphère est encore très tendue en ce moment», renseigne Maïssa Ndao.
Mais outre la question des mareyeurs, les pêcheurs ont aussi du mal à écouler leurs prises. Daouda Ndoye, un pêcheur qui habite le quartier Golf, a souligné que les pêcheurs vivent aussi des situations très difficiles. «La mer n’a plus de poissons, nous avons fait presque plus de 12 heures pour arriver à avoir cette quantité de poissons. D’habitude, cette caisse, je la vendais entre 100 000 à 150 000 francs Cfa, mais aujourd’hui, je peine à percevoir cette somme. Ce sont maintenant les petits revendeurs de poissons qui viennent ici acheter du poisson. Cette démarcheuse me propose 50 000 francs, mais si je prends cette somme, je ne pourrai pas couvrir toutes mes dépenses», se désole ce pêcheur.
Aujourd’hui, avec l’activité de pêche au ralenti, ce sont les usines de transformation qui se frottent les mains, car pour recouvrer leurs dépenses et ne pas subir de pertes, certains pêcheurs sont obligés de vendre leurs stocks aux usines qui transforment le poisson.
Non loin du quai de pêche de Mbour, le Marché central qui, d’habitude, grouille de monde, surtout en cette période de préparation de la Tabaski, peine aussi à retrouver les foules qui fréquentaient les lieux. Le marché aux légumes n’est pas bien approvisionné car les camions qui convoient la marchandise ne veulent pas vraiment prendre de risques pour se rendre à Mbour.
Ecobank a fermé ses portes depuis jeudi
La conséquence d’une journée du jeudi aux allures de cauchemar pour beaucoup impacte aussi les banques. Si des structures comme la Sgbs qui se situe au centre-ville, ainsi que la Cbao fonctionnent au ralenti car se situant non loin du poste de police, ce n’est pas le cas d’autres banques telles qu’Ecobank.
Si à la Sgbs, située à presque 50 mètres du Commissariat central, le travail n’a repris qu’hier, elle n’a pas encore retrouvé la plénitude de ses services. A l’entrée, le vigile veille au grain et la banque refuse de prendre beaucoup de clients à l’intérieur. Par conséquent, la majorité se rend vers le Gab qui est pris d’assaut.
Contrairement à ces banques où les clients peuvent avoir un interlocuteur avec qui partager des informations, ce n’est pas du tout le cas d’Ecobank Mbour. Ayant été la cible de jets de pierres le jeudi dernier lors des violentes manifestations, qui ont occasionné des dommages à l’agence, cette banque est simplement fermée. Depuis jeudi dernier, il n’y a pas de prestation dans cette banque. En plus d’avoir fermé ses bureaux, ses Gab ne fonctionnent pas non plus.
Sur place, seuls les préposés à la sécurité servent d’interlocuteurs. A la question de savoir si le GAB est disponible, la seule réponse qu’ils servent, c’est : «Non, le Gab ne fonctionne pas depuis jeudi dernier.»
Une situation qui irrite la plupart des clients venus chercher de l’argent. «C’est vraiment difficile, tu travailles très dur pour gagner de l’argent et pour récupérer ton dû, là aussi, c’est tout un problème. Au moins, puisque la caisse ne fonctionne pas, il fallait alimenter le Gab pour faciliter aux clients d’accéder à leur argent», fulmine M. Sarr, un enseignant.
Ils sont nombreux à être dans cette situation, a déclaré Mme Fall, qui travaille dans une Ong. «J’ai presque fait le tour des banques qui sont ici, mais il n’y a presque pas de Gab disponible, tous sont hors service ou ne disposent pas de liquidité. Il faut penser aux autres qui n’ont pas les moyens de faire le tour des banques pour trouver une solution immédiate à cette situation qui ne peut plus perdurer», suggère cette femme.
Les stations d’essence au compte-gouttes
En plus des banques, les stations d’essence ont également la peur au ventre et n’osent plus vendre du carburant à partir de certaines heures. Pour ne pas subir le même sort que la station Shell qui se trouve à côté du rond-point Mamadou Diop, vandalisée et mise à sac, et où les manifestants se sont emparés de la somme de trois millions de Cfa qui se trouvait dans le coffre-fort.
abciss@lequotidien.sn