Mbour – Consultations gratuites à Bandia : Le cri d’alarme d’un village isolé

Situé à quelques kilomètres de Dakar, le village de Bandia est dépourvu de l’essentiel, notamment dans le secteur de la santé.Par Alioune Badara CISS –
Une lueur d’espoir a éclairé le village de Bandia, où les populations se sont rassemblées pour des journées de consultations médicales gratuites. Derrière ce succès apparent, une réalité plus sombre persiste : un cri du cœur pour un accès permanent aux soins et à des infrastructures de base, à commencer par une route digne de ce nom. Loin d’être un simple événement, cette opération a servi de catalyseur à une revendication plus profonde : la santé est un droit, et les habitants de Bandia, situé dans la commune de Diass, exigent d’être entendus. «Nous voulions déplacer l’hôpital à Bandia», a affirmé Djiby Ciss, président de l’Association pour le développement de Bandia (Adb). Mission accomplie en partie. Grâce à un partenariat avec l’Association pour la solidarité et la santé de Mbour (Asm), près de 200 personnes ont bénéficié de consultations en pédiatrie, gynécologie, dentisterie et médecine générale. Un bilan provisoire dressé par Serigne Fallou Camara, président de l’Asm, a révélé des pathologies courantes comme le syndrome grippal chez les enfants et des infections gynécologiques chez les femmes.
Cependant, l’euphorie de l’instant ne peut cacher la triste vérité. Ces consultations sont ponctuelles. Une fois les médecins partis, la population se retrouve confrontée à l’isolement. «Nous sommes victimes d’un découpage géographique. Malgré sa taille, Bandia n’a pas de poste de santé. Si nous pouvions avoir un poste de santé, ce serait extraordinaire», a souligné Djiby Ciss. Mais le combat pour l’accès aux soins ne s’arrête pas là. Les consultations ont mis en lumière un autre obstacle majeur : la route. Qualifiée de «tout à fait chaotique» par Djiby Ciss, elle rend le trajet vers les hôpitaux voisins difficile, voire impossible en cas d’urgence.
«C’est l’occasion de lancer un appel. Il faudra que ça soit réglé de la manière la plus urgente. Cette route est une double peine : elle entrave non seulement l’accès aux soins, mais met aussi en péril la vie des patients, qui doivent parcourir des kilomètres dans des conditions déplorables. Il faut que les entreprises qui cohabitent avec nous aient une vision beaucoup plus claire en matière de santé», a plaidé le président de l’Association pour le développement de Bandia.
Cette journée a aussi montré que Bandia est loin d’être passif. Un comité de veille a été mis en place pour réfléchir aux défis de la communauté, et un grand forum est en préparation pour présenter un plan d’actions détaillé aux autorités et aux entreprises. Les jeunes, à travers l’Association des élèves et étudiants de Bandia (Aeeb), se sont également mobilisés, apportant leur contribution à l’organisation de l’événement et appelant leurs pairs à s’impliquer. «Il faut continuer à faire ce qu’on est en train de faire. Participer à toutes les activités de Bandia pour que vraiment Bandia puisse être parmi les meilleurs villages du Sénégal», a conclu Djibril Maxime Paye, le président de l’Aeeb.
Les journées de consultations gratuites «ont été un franc succès», mais le véritable travail commence maintenant. Les regards sont tournés vers les autorités et les entreprises, qui doivent répondre à l’appel de Bandia et transformer cet élan de solidarité en un accès aux soins pérenne et un futur plus sain pour tous.
abciss@lequotidien.sn