A cause de la tendance haussière des cas de Covid-19, l’Odcav de Mbour a décidé de ne pas organiser les navétanes cette année et compte s’impliquer dans la sensibilisation des populations aux côtés des services de l’Etat. Les sorties du Kankourang, une manifestation culturelle mandingue très suivie à Mbour, vont-elles suivre cette voie ? Les autorités locales ont décidé d’aller à la rencontre des acteurs pour discuter de la question.

En réunion de partage hier avec les acteurs communautaires des 16 communes du département sur la situation de la pandémie dans le département de Mbour, le préfet, Mor Talla Tine, a tiré la sonnette d’alarme. Avec 371 cas dans le département dont 149 guéris, 10 décès et 3 malades qui ont pris la fuite,  la situation est préoccupante même si elle n’est pas désespérée. Chaque jour, le nombre de cas ne cesse de grimper vu l’allègement des mesures de restriction. Pour stopper la maladie, le préfet du département, conscient que l’Etat à lui seul ne peut pas venir à bout de cette pandémie, a invité les acteurs communautaires à s’approprier la lutte. Ainsi, les navétanes n’auront pas lieu cette année et, certainement le Kan­kourang, qui draine du monde, risque aussi de ne pas se tenir.
Les chiffres font froid dans le dos et montrent que la pandémie du Covid-19 est bien réelle dans le département de Mbour. Sur un total de prélèvements de 7 668 effectués dans la zone dont 5630 à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass, les cas confirmés sont répartis comme suit :  sur les quatre districts que compte le département, Mbour arrive en tête avec 173 cas, suivi du district sanitaire de Popenguine avec 152 cas dont 83 importés, Joal 27 et le district de Thiadiaye ferme la marche avec 19 cas confirmés.

L’Odcav renonce à l’organisation des navétanes à Mbour
Interpellé sur l’appel du préfet du département de Mbour, Pape Amar Mbodji, président de l’Odcav (Organisme départemental de coordination des activités de vacances) de Mbour, n’a pas manqué de décliner la proposition de ce mouvement sur l’élaboration du plan de riposte contre la maladie dans le département. Selon Pape Amar Mbodji, depuis la levée des restrictions qui étaient prises lors de l’Etat d’urgence, les cas se multiplient un peu partout. Le président de l’Odcav de Mbour soutient qu’ils  vont renoncer à jouer les navétanes cette année. «A la suite de ce constat, nous avons été interpellés par les acteurs. Et d’un commun-accord, nous allons solliciter de notre hiérarchie au niveau régional puis national, par courrier officiellement pour leur demander de surseoir, compte-tenu de la situation que traverse le département, aux compétitions des navétanes», informe M. Mbodji. Qui poursuit : «Le département est cité comme une des zones rouges où sévit la maladie et il nous sera difficile de mobiliser des ressources et les acteurs pour organiser des compétitions. C’est pourquoi, conformément aux dispositions réglementaires, nous allons demander une dérogation à notre hiérarchie pour que cette année, on puisse nous consacrer à faire les navétanes autrement, comme l’Oncav l’a déjà initié avec le ministère de la Santé», a rappelé M. Mbodji. Ainsi, le président de l’Odcav a invité  les 409 Asc regroupées dans les 33 zones à élaborer un plan d’actions dans leurs quartiers. Un geste salué par le préfet du département de Mbour.
En plus du mouvement des navétanes, les délégués de quartier ont également pris comme engagement de réunir les forces vives de leurs quartiers, d’envisager des mesures de riposte appropriées à leurs quartiers. Mais également de se rapprocher des bonnes volontés qui sont dans les quartiers pour accompagner cette lutte. Les badiénu gokh ont également rejoint cette lutte et tous ces efforts combinés, à côté des initiatives déjà mises en œuvre par les services de l’Etat, notamment les forces de défense et de sécurité à travers des patrouilles, ces actions et initiatives  permettront d’inverser la tendance haussière notée depuis quelque temps en ce qui concerne les cas notés.

Après les navétanes, quid du Kankourang ?
Les sorties du Kankourang, une manifestation culturelle mandingue très suivie à Mbour, qui se tient au mois de septembre, risquent d’être perturbées à cause du Covid-19, cette année. Cet évènement culturel va-t-il se tenir cette année ? Le préfet du département précise, à ce propos : «Nous aurons des échanges avec les responsables de cette organisation et, ensemble, nous pourrons envisager des mesures et des décisions qui vont mettre à l’aise tout le monde. Le moment venu, on verra avec eux.» «De toutes les façons, la situation actuelle exige que l’on mette de côté tout ce qui est activité qui rassemble un certain nombre de personnes. Et comme nous l’avons tous constaté, Mbour fait partie malheureusement des départements où la maladie ne cesse de progresser. Et ce genre de rassemblement ne fait qu’empirer la situation. Et en tant que communauté responsable, la communauté mandingue saura être aux côtés de l’Etat dans le cadre de cette riposte», a invité Mor Talla Tine.