Par Alioune Badara CISS (Correspondant)

– L’état civil est un élément dans la vie du citoyen. Mais, il reste encore un luxe dans certaines contrées. Hawa Bâ, directrice pays d’Osiwa Sénégal, explique : «Les statistiques montrent qu’on a toujours chaque année, des milliers d’enfants qui ne sont pas déclarés. Puisque nous avons un dispositif assez stratégique et qui est très proche des populations, à savoir le dispositif des Maisons de justice, il s’agit de l’utiliser pleinement pour accompagner les populations mais également, les autres acteurs de la chaîne comme les officiers d’état-civil, les officiers de justice (magistrats) ainsi que les autres acteurs (badiènou gokh, imams, délégués de quartier, etc.) qui sont dans la communauté qui peuvent servir de ponts entre l’Etat et les citoyens. Pour que tous ensemble, on puisse lutter contre la non déclaration des naissances mais aussi, promouvoir d’une manière générale, une citoyenneté plus active grâce à tout ce que l’on doit faire : déclaration de naissance, de mariage, de décès, etc. pour avoir des statistiques fiables», suggère la directrice pays d’Osiwa Séné­gal.
Aujourd’hui, le phénomène continue à s’amplifier malgré les campagnes de sensibilisation. «Malheureusement, il n’y a pas d’étude à ma connaissance qui montre comment évoluent les statistiques. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il y a une persistance de la non-déclaration des naissances. Il devrait y avoir normalement des améliorations mais ça doit être très lent. Ce qui veut dire qu’il y a encore un travail à faire pour rapprocher les populations des structures de déclaration pour les conscientiser mais aussi, pour outiller les autres acteurs comme les officiers d’état-civil, les agents des structures sanitaires, afin qu’ils aient le réflexe d’amener les parents à déclarer automatiquement leurs enfants à la naissance. Et quand ce n’est pas fait, de mettre à leur disposition, des espaces de rattrapage avec notamment, l’organisation d’audiences foraines qui sont encadrées», enchaîne Hawa Ba.
Cette persistance de la non-déclaration implique la collaboration de la Direction de la justice de proximité avec les maisons de justice, les inspections d’académie pour permettre aux enfants non-déclarés de passer les examens. «Nous avons aussi des soucis avec les audiences foraines et pour travailler de manière beaucoup plus efficace et beaucoup plus ciblée, ce projet encadre tous les acteurs avec une approche pluridisciplinaire pour être beaucoup plus efficient. On organise ces audiences parce qu’on a tout un noyau, une population qui est ciblée, qui a besoin de pièces et pour laquelle on crée les cadres pour l’acquisition de ces documents administratifs», poursuit Mme Ba.
En écho, Mademba Guèye, directeur de la Justice de proximité et de la promotion de l’accès aux droits, poursuit : «Nous misons plus sur la sensibilisation parce que nous pensons que le problème est surtout un problème de compréhension de l’importance que l’état-civil a par rapport au vécu, à l’avenir des enfants et même pour l’Etat. Parce que l’état-civil est un outil qui lui permet de faire des prévisions dans tous les domaines : économie, santé, infrastructures scolaires, etc. Donc, c’est un point vraiment important et nous sensibilisons les populations dans ce sens.» Quid des chiffres sur les non-déclarations ? «Il n’y a pas de chiffres exacts même si on parle de milliers. Les autorités, en premier lieu le ministère de la Justice ; y travaillent, notamment dans le cadre des audiences foraines.»
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