Le chef de l’Etat a accordé la grâce présidentielle à 824 détenus lors des préparatifs du 4 avril 2022. Parmi ces détenus, figurent 10 «thiantacounes», qui avaient été condamnés à 15 ans de travaux forcés dans l’affaire du double meurtre de Madinatoul Salam. Ces «thiantacounes» avaient tué deux de leurs condisciples, Ababacar Diagne et Bara Sow. Une nouvelle qui a bouleversé la mère de Ababacar Diagne, qui a confié hier que cette grâce présidentielle a réveillé des souvenirs tristes chez elle.Par Alioune Badara CISS(Correspondant)
– La liberté accordée à 824 détenus la veille de la fête de l’Indépendance n’est pas du goût de certaines familles. C’est le cas de la famille de Ababacar Diagne, qui n’a pas caché sa déception lorsqu’elle a entendu la nouvelle. Elle n’a pas caché qu’elle vit encore la douleur de la mort de son fils. «C‘est une nouvelle qui nous a pris de cours. Comment le chef de l’Etat peut-il libérer des gens qui ont tué ? Cette décision m’a replongée dans la tristesse que j’ai vécue le jour où mon fils a été tué», déclare la mère de Ababacar Diagne, une des victimes des «thiantacounes». «Nous ne pouvons vivre avec des gens qui ont tué mon fils, ils sont là, nous habitons le même quartier, comment nous allons les regarder vaquer tranquillement à leurs occupations», se lamente la mère de Ababacar Diagne.
En effet, Cheikh Faye, Serigne Khadim Seck, Mamadou Hanne dit ‘’Pape’’, Demba Kébé, Aziz Mbacké Ndour, Serigne Saliou Barro, Pape Ndiaye, Ablaye Diouf, Alassane Ndiaye, Samba Ngom, Mame Balla Diouf, Mamadou Guèye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop, Samba Fall, Mohamed Sène, Adama Sow et Aly Diouf ont été arrêtés le 22 avril 2012. Ils avaient été poursuivis pour «association de malfaiteurs ou établi une entente dans le but de préparer ou de commettre un ou plusieurs crimes ou délits».
Après presque 7 ans de détention, ils ont été jugés le 23 avril 2019 à la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, puis condamnés à diverses peines. Ils ont été libérés ce 3 avril 2022, suite à une grâce présidentielle alors que le Tribunal les avaient condamnés à 15 ans de réclusion criminelle.
Le guide des «thiantacounes», Cheikh Béthio Thioune, était absent lors de ce procès pour raisons de santé, les dix-neuf autres accusés avaient comparu au Tribunal de grande instance de Mbour, pour répondre des délits de «meurtre avec usage d’acte de barbarie, complicité desdits homicides aggravés et association de malfaiteurs, recel de cadavres, inhumation sans autorisation administrative, non dénonciation de crimes, détention d’armes sans autorisation et de recel de malfaiteurs».
abciss@lequotidien.sn