Dans les médias, seuls 20 à 30% sont des femmes. Au même moment, dans les productions agricoles et dans le secteur informel en Afrique, elles représentent 75%. Dans le cadre du projet «Occupez les médias», l’Institut Panos Afrique de l’Ouest pose le débat à travers un atelier de trois jours à Saly dont le thème porte sur «Information et communication sensibles au genre : échanger et promouvoir les meilleures pratiques de renforcement de capacités en Afrique de l’Ouest». La structure a convié une cinquantaine d’acteurs des médias issus de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger et du Sénégal afin de partager les meilleures pratiques pour une meilleure implication de la dimension genre.
Selon l’Institut Panos, les médias réservent une petite portion dans le traitement de l’actualité liée à la condition des femmes. Pour juguler ce phénomène, l’Institut Panos veut porter le plaidoyer pour que les médias puissent leur accorder une plus grande part dans le traitement de la question. Pour sensibiliser sur l’ampleur du phénomène, Diana Senghor, directrice de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest, fait le constat : «Les femmes occupent une part congrue dans le traitement de l’actualité par les médias. Elles sont entre 20 à 30% à y être représentées, alors qu’au même moment, 75% sont présentes dans les productions agricoles en Afrique et dans le secteur informel. Les médias sont très partisans, biaisés, pas toujours professionnels en ce qui concerne la couverture des femmes. Il y a 51% de femmes, mais seulement 20% sont représentées dans les médias», a-t-elle constaté. Mieux, elle a déploré la manière dont on parle des femmes dans les médias. «Cette manière a conduit à une certaine dévalorisation. Les médias sont peu sensibles au genre», a regretté Mme Senghor.
Poursuivant son propos, elle a déclaré que l’objectif de cet atelier est d’essayer d’échanger un peu avec les différents médias, les grands médias, les médias locaux (communautaires), mais également les organisations de défense des droits des femmes qui «sont devenues des actrices dans le champ de la communication, parce qu’elles peuvent interpeller les journalistes comme les éditeurs comme elles peuvent produire des contenus. Elles se constituent comme un quatrième pouvoir. Donc il faut renforcer leurs capacités». Pour y arriver, l’Institut Panos compte s’appuyer sur la sensibilisation pour inverser la tendance. «Les journalistes, de même que les lecteurs, ne se rendent pas compte qu’il y a une disparité, un déséquilibre dans la couverture sur la question des femmes. Il faut donc les sensibiliser. Après, il y aura le renforcement des capacités professionnelles des journalistes à faire une investigation pas seulement sur les femmes, mais sur la société en général. Mais également à faire de grands reportages, des magazines, à organiser des débats radios pour ce qui est des radios locales. Il faut renforcer aussi les connaissances thématiques des journalistes sur les grands événements qui se passent», a laissé entendre la directrice de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, elle a salué les efforts du Sénégal par rapport aux autres pays dans le traitement des questions liées au genre. «Le Sénégal est déjà dans la bonne moyenne, mais les pays souffrent tout de même des mêmes maux, c’est-à-dire une grande emprise sur les journalistes de l’opinion dominante. Les journalistes sont trop prisonniers de l’opinion. Toutes choses qui font que le traitement auquel les femmes sont soumises dans les médias africains va à l’encontre des recommandations internationales et régionales», estime Mme Senghor.
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