Après le passage des manifestants jeudi dernier à Mbour, suite à la condamnation du leader du parti Pastef pour corruption de la jeunesse par la Chambre criminelle, la commune porte encore les stigmates de la violence qui a marqué plusieurs habitants.Par Alioune Badara CISS(Correspondant) –
Hier, Mbour était presque une ville morte où la vie tournait au ralenti. Presque aucune activité ne s’y tenant, les banques, le commerce et même le transport ont fonctionné au strict minimum. C’était la conséquence d’une journée du jeudi aux allures de cauchemar pour beaucoup.
La ville présentait un décor qui donnait le frisson. Les manifestants ont pillé des cantines d’Orange Money, des magasins et boutiques, sans oublier des stations d’essence. Conséquence : les dégâts sont nombreux et les propriétaires n’ont que leurs yeux pour pleurer devant le saccage de leur lieu de travail.
Ainsi, au lendemain des manifestations, des jeunes se sont organisés pour évacuer les restes de pneus brûlés et autres pierres laissées sur la chaussée. La devanture d’Auchan a été saccagée, mais les pilleurs n’ont pas réussi à entrer dans le supermarché, même s’ils ont contourné pour entrer dans le magasin de stockage qu’ils ont réduit presque en cendres. En plus de cela, ils ont également mis le feu au groupe électrogène qui devait alimenter le local en cas de besoin.
Les pilleurs d’Auchan arrêtés par la police
Les Forces de défense et de sécurité n’ont pas perdu du temps pour traquer les pillards qui avaient pris d’assaut le supermarché Auchan. La police a pu identifier plusieurs parmi eux et leur a mis la main dessus. D’ailleurs, le Commissariat central était assailli hier par de nombreuses familles venues soit demander pardon, soit pour s’enquérir de l’état de leur fils arrêté.
Non loin d’Auchan, les manifestants avaient livré une bataille farouche contre les Forces de l’ordre, avant de prendre la direction de la route de l’hôpital. Ils ont déversé leur colère sur le magasin Unibella, spécialisé dans la vente de mèches et autres articles. Ils ont vidé le magasin. Les vitrines et étagères ont été fracassées. Non contents de se limiter à ces casses, ils vont s’attaquer aussi au magasin Jumia qui se situe à 2 mètres de là. Le décor à l’intérieur était juste désolant. Toutes les marchandises devant être livrées ont été emportées (frigo, cuisinière, micro-ondes….)
Une dame, accompagnée de sa fille, venue récupérer un colis, n’en revient pas. Etonnée, elle demande à la gérante ce qui s’était passé. Adossée aux grilles du magasin, la gérante ne trouve pas les mots pour répondre à la cliente. Désemparée, elle glisse : «Nous sommes désolés, Jumia vous contactera après.» La cliente compatit avant de rebrousser chemin.
Dopés par ces casses, les jeunes manifestants vont prendre la direction du centre-ville, mais avant d’arriver à la mairie, ils ont attaqué la station Shell qui se trouve à côté du rond-point Mamadou Diop. Ils ont tout simplement vandalisé et mis à sac la station. Au niveau de la boutique de la station, les assaillants n’ont laissé sur place que les étagères. Ils ont aussi fait un tour au niveau de la caisse de la station, s’emparant de la somme de trois millions F Cfa qui se trouvait dans le coffre-fort.
A quelques mètres de ces lieux, les manifestants se sont attaqués à la boutique «Tontine or». Sur place, ils réussiront à emporter tous les appareils informatiques. Des lieux comme la perception municipale aussi ont été visités par les assaillants qui ont jeté des pierres avant de fracasser les vitres. Mais heureusement, ils n’ont pas pu accéder à l’intérieur du bâtiment qui a été inauguré il n’y a pas si longtemps.
Seule la mairie a échappé à cette violence
Les assaillants, après avoir tout détruit sur leur passage, ont pris la direction du centre-ville. Ils voulaient saccager la mairie dont le bâtiment est actuellement en réfection, les travaux étant presque terminés. Mais c’était sans compter avec la détermination des jeunes, proches du maire Cheikh Issa Sall, qui ont tout simplement assuré la sécurité. Alors qu’ils voulaient casser les vitres de la devanture de la mairie, cette sécurité a opposé une résistance aux manifestants qui, après plusieurs tentatives, vont finalement abdiquer avant de se fondre dans la nature à l’arrivée des Forces de l’ordre.
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