Pour lutter contre l’exploitation par la traite des personnes, le ministère de la Justice, les représentants des Forces de police et de la gendarmerie sont depuis hier à Saly pour évoquer la problématique de la criminalité transfrontalière.

C’est une donne qui interpelle les Forces de police et de la gendarmerie. La problématique de la traite des personnes est considérée comme une criminalité émergente, dont la gestion nécessite une capacitation des forces de défense. Mody Ndiaye, secrétaire permanent de la Cellule nationale de  lutte contre la traite des personnes, explique : «Dans ce monde tout s’achète, tout se vend y compris l’être humain et nous sommes face à une criminalité qu’on appelle criminalité transnationale parce qu’elle se joue au niveau des frontières et c’est très complexe. L’objet d’aujourd’hui est d’approfondir les connaissances des acteurs judiciaires qui sont en charge de cette lutte parce que c’est une forme de lutte qui demande de la technique, une adaptation, une connaissance des lois.» A l’en croire, la loi a prévu des peines très dures pour sanctionner les auteurs de tels crimes : «Nous avons même travaillé pour une amélioration de cette loi. Le problème ne se situe pas simplement au niveau de la peine mais il se situe au niveau de la détection. Aujourd’hui, en termes de statistiques, de tendances, tous les pays de la sous-région ont observé un flot interminable de jeunes filles et de jeunes hommes qui sont convoités, à Dakar nous avons fait la cartographie qui révèle qu’il y a 30 mille enfants qui s’adonnent à la mendicité tous les jours. Le pouvoir des pays est de détecter les victimes, très souvent on ne sait pas qu’elles sont victimes. On est face à une nébuleuse qui est trop dure.» Mody Ndiaye renseigne que la traite la plus visible est celle des enfants. Aminata Kébé, analyste de programmes au Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest du Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, insiste : «Le problème de la mendicité est réel et se pose avec beaucoup de violation des droits humains. Et qu’au-delà d’un problème juridique, il y a un problème socio-culturel qui est associé à cette question de mendicité d’où la complexité de lutter contre ce phénomène.» Quid de la lutte contre la mendicité ? «Nous avons des acquis, des avancées en termes de législation, il  y a des dossiers qui sont au niveau de la justice de personnes qui font mendier des enfants mais des améliorations sont nécessaires. C’est pour cela qu’on s’est dit, il faut adresser le problème de manière holistique en impliquant aussi bien l’Etat, les partenaires au développement, les partenaires techniques et financiers mais également les chefs religieux, les leaders communautaires pour pouvoir arriver à bout de cette question», insiste-t-elle.
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