Des coordonnatrices en santé formées en investigation dans la lutte contre les décès maternels et néonatals pour poursuivre la baisse des cas.Par Alioune Badara CISS – 

Ces 10 dernières années, la santé maternelle au Sénégal a connu d’importants progrès. D’ailleurs, au niveau de l’Afrique de l’Ouest, il occupe la 2ème place, derrière le Cap-Vert, avec une diminution de 60% du taux de mortalité. Le tableau est assez clair : «la mortalité maternelle est aujourd’hui à 236 pour 100 mille naissances vivantes. Pour la mortalité néonatale, nous sommes à un taux de 21 pour 1000 naissances vivantes, mais aussi pour la mortalité infanto-juvénile, nous sommes à un taux de 37 pour 1000 naissances vivantes. Ces résultats sont certes appréciables, mais nous avons l’objectif d’atteindre en 2030, un taux de mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100 mille naissances vivantes, un taux de décès néonatal en dessous de 12 pour 100 mille naissances vivantes et un taux de mortalité infanto-juvénile à 20 pour 100 mille naissances vivantes. Nous avons certes fait d’importants progrès, mais il y a des défis et nous devons les adresser pour au moins être au rendez en 2030 par rapport à l’atteinte d’objectifs pour le développement durable», déclare Dr Amadou Doucouré, directeur de la Santé de la mère et de l’enfant au ministère de la Santé et de l’action sociale.
Pour poursuivre cette baisse du taux de mortalité et atteindre les objectifs, le Sénégal mise sur la surveillance des décès maternels, néonatals, périnatals et la riposte. Une stratégie qui permet l’identification des décès maternels par la notification, la collecte, l’analyse, mais aussi par l’organisation des séances d’audit des décès maternels qui permettent la formulation et la mise en œuvre des recommandations qui, une fois mises en œuvre, permettent d’éviter les décès maternels.
C’est dans ce cadre que la Cdc et Afnet, en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’action sociale, ont formé 25 coordonnatrices en santé de la reproduction issues des maîtresses sages-femmes, des établissements publics de santé, mais aussi des majors de service de pédiatrie au niveau des hôpitaux sur le programme Fptp. Un programme qui est reconnu au niveau mondial et qui permet de faire des investigations de tout évènement de santé publique, y compris les décès maternels et néonatals.
Ainsi, après trois mois de formation, les récipiendaires ont reçu leurs attestations à Saly, ce samedi. «Ce programme concerne 150 coordonnatrices en santé de la reproduction sanitaire des districts du Sénégal, mais aussi des maîtresses sages-femmes des établissements de santé publics du Sénégal et des majors de service de pédiatrie. L’objectif, c’est de renforcer leurs capacités en épidémiologie de base mais aussi en analyse des données, surtout en investigation de décès maternels, néonatals. On voudrait aujourd’hui au Sénégal, que tout décès maternel ou néonatal soit investigué pour voir quelle est l’origine des décès, qu’est-ce qu’on devait faire et qui n’a pas été fait, et qui a concouru à la survenue de ces décès maternels ou néonatals», dit-il.
Toutefois, en dépit de cette stratégie mise en place, beaucoup de défis se dressent sur leur chemin. «Malgré tous les investissements qui ont été faits en termes d’infrastructures, de recrutement de personnels, en termes d’octroi de bourses aux étudiants pour faire leur spécialité, force est de reconnaître qu’il y a des défis en matière de rétention des spécialistes dans les zones rurales, la formation continue du personnel, mais aussi en termes d’utilisation des services en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent, d’où l’augmentation des activités de sensibilisation, de communication pour une utilisation accrue des services en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent. Et sous peu, nous allons organiser la Semaine de la mère et de l’enfant au niveau des 14 régions, où on va mener des activités de sensibilisation avec ‘de services gratuits en santé de la reproduction», rassure Dr Doucouré.
Interpellé sur l’accueil au niveau des structures sanitaires qui fait défaut, le directeur de la Santé de la mère et de l’enfant a rappelé que le ministère de la Santé et de l’action sociale a mis en place la Direction chargée de la qualité au niveau de la Direction générale des établissements publics de santé. «En plus de ça, la Direction de la santé de la mère et de l’enfant a aussi élaboré un guide pour améliorer l’accueil au niveau de nos services sanitaires. Mais également la Dsme compte former l’ensemble des prestataires sur le bon accueil», annonce M. Doucouré.
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