Une partie de la population de Malicounda ne porte plus son maire dans le cœur. Ces habitants, à travers une marche avortée devant la mairie de Malicounda grâce à l’intervention de certains membres du Conseil municipal, ont fustigé la gestion de Maguette Sène.Par Alioune Badara CISS (Correspondant) –
A Malicounda, la colère gronde. Lors d’une marche, les populations de cette commune, située sur la Petite-Côte, ont exhibé une liste de doléances autour de dix points lue par El Hadji Thioune : comme toujours, les problèmes fonciers, l’entente intercommunale, les 5% du groupe Solaria, société italienne de promotion de mix-énergétique, entre autres. «Nous ne sommes pas contents de la gestion du maire de Malicounda. D’abord il y a une nébuleuse dans la gestion du foncier, car la commune prend un quota de 40% sur chaque lotissement. Nous n’avons jamais vu une loi qui dit que la commune doit prendre 40%. Si tu as 10 parcelles, elle prend les 4, nous jugeons cela excessif et ensuite tu dois payer 27 000 francs pour chaque parcelle. Nous ne savons pas la destination de ces parcelles, nous disons que ça c’est trop.» Très en verve, M. Thioune enchaîne : «Il doit nous éclairer mais personne ne peut vous dire comment ces parcelles sont utilisées. Depuis 1972 que cette collectivité locale existe, si on fait le cumul, les lotissements du maire dépassent de très loin l’ensemble des lotissements fait par les deux ex-présidents de conseil rural réunis. Il doit nous dire comment ces parcelles sont utilisées. En plus de ça, il y a une centrale solaire qui s’étend sur 100 hectares, la commune détient 5% des bénéfices de cette centrale, il faut que le maire éclaire notre lanterne sur l’utilisation de cet argent.»
Aujourd’hui, ces jeunes sont très déterminés à en découdre avec leur maire, qui est en même temps Directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Selon eux, leur maire serait à l’origine de la discrimination en termes d’infrastructures entre la partie nord et la partie sud de la commune. «Il a construit un bâtiment qui abrite un état civil à Nianing dans la partie sud alors que le siège de la mairie est à Keur Maïssa dans la partie nord. Nous constatons que cet état civil joue exactement le même rôle que la mairie qui est à Keur Maïssa. D’ailleurs, il y a plus de personnel que dans celui de la mairie. En plus de ça, il y a le problème de recrutement des jeunes : sur 300 recrutements, les 280 sont de la zone sud alors qu’au niveau de la zone nord, il ne prend que 10 jeunes et ces derniers occupent des postes qui laissent à désirer», fustige Mohamed Ndiaye. Une situation très tendue qui ne laisse pas de marbre la commune de Malicounda. Selon Mohamed Ndiaye, une médiation est en en cours entre le maire et ces jeunes pour décrisper la situation. «Abdou Faye nous a appelés et nous a dit que les autorités l’ont appelé pour qu’on arrête les manifestations car il y aura des négociations. Mais malgré cela nous restons sur le pied de guerre et nous lui accordons un délai de cinq (5) jours pour qu’il réponde à nos interpellations faute de quoi nous allons remettre ça», lance catégorique Mohamed Ndiaye.
Du côté de la mairie, on essaie de décrisper la situation. Abdou Faye qui a reçu les manifestants tente de rapprocher les positions. «Je fais partie de ceux qui doivent développer cette localité. C‘est pourquoi j’ai appelé mes enfants qui sont les futurs dirigeants de cette commune et qui sont mes frères pour que la paix revienne, que la marche soit annulée et que tout revienne à la normale. Vous serez informés de l’évolution de la situation», rassure M. Faye, émissaire du maire de Malicounda.
abciss@lequotidien.sn