L’adoption de la loi sur la modernisation des daaras est en voie d’être concrétisée. Le ministère de l’Education nationale a rencontré les acteurs du secteur pour affiner davantage le projet. Par Alioune Badara CISS –

L’adoption de la loi sur la modernisation des daaras, qui était bloquée depuis 14 ans, est relancée depuis vendredi dernier. Le ministre de l’Education nationale vient de poser les jalons qui mènent vers cette adoption, en conviant les acteurs à un atelier préparatoire pour les concertations sur les politiques de modernisation des daaras ce week-end à Saly. Pour Ismaïla Ndiaye, Secrétaire général de la Ligue des imams et prédicateurs  du Sénégal, cette rencontre entre dans la logique d’inclusivité que le nouveau gouvernement a édictée depuis qu’il est au pouvoir. «Cette proposition date de 14 ans, le régime de la première alternance l’avait initiée, le régime de la deuxième alternance avait continué. Mais, nous n’avons pas pu avoir un consensus qui a permis le vote de la loi. Aujourd’hui, quand le ministre Moustapha Guirassy vient présider un atelier de relance du processus en y invitant tous les acteurs, cela montre que nous sommes dans une nouvelle dynamique de relance, qui va porter ses fruits pour l’adoption de la loi pour le grand bonheur du daara», se réjouit Ismaïla Ndiaye.

Aujourd’hui, le ministre de l’Education nationale veut voir  une réelle transformation de l’école. «Et la forme de cette école doit être une école qui reçoit, qui accueille et qui intègre toutes les communautés éducatives, et c’est ainsi que les plus hautes autorités du pays nous ont demandé de faire évoluer le système, en passant d’un système éducatif à une société éducative. Quand on parle de société éducative, on parle d’acteurs et de communautés qui vont porter et qui vont pousser à aller dans l’effort d’éducation. Les communautés des daaras ont joué un rôle extrêmement important. Dans l’ordre d’enseignement, on peut dire que les daaras ont toujours été les premiers à jouer les rôles les plus importants dans la transformation et dans l’éducation de nos enfants», indique Moustapha Guirassy. D’ailleurs, le ministre de l’Education nationale est convaincu que les daaras produisent des citoyens de qualité. «Généralement dans nos familles, ceux qui sont passés par les daaras excellent, mais ils n’excellent pas simplement d’un point de vue académique, ils excellent aussi d’un point de vue comportemental. Et la denrée la plus rare dans le monde, c’est la denrée de l’éthique, de la sagesse, celle de la tempérance. Heureusement que c’est le monde des daaras qui apporte ce modèle abouti qui doit inspirer. C’est un modèle qui repose naturellement sur le mental, l’académique, mais c’est aussi un modèle qui repose sur le spirituel, sur l’âme», déclare le ministre de l’Education nationale. Cette rencontre, avec tous les acteurs des daaras, va permettre de clarifier des questions liées certes au projet de loi qui est en gestation, mais aussi elle va concerner les réformes des curricula pour aller beaucoup plus dans leur intégration et dans l’accompagnement par le gouvernement de ces daaras. «Parce que l’essentiel aussi de nos enfants se trouvent à l’intérieur de ces daaras. Ces daaras dits modernes doivent être associés ou connectés à la question du numérique, à la question du bilinguisme, par rapport à l’environnement d’apprentissage des enfants. Les questions de toilettes, sanitaires, même les questions de sport, toutes ces questions-là sont importantes. En parlant de société éducative, c’est aussi évoquer la question de la cantine scolaire et de l’alimentation scolaire. Nous pouvons nous liguer pour porter ces daaras-là qui sont des écoles abouties, des écoles bien pensées et des écoles qui ont fait leurs preuves», renseigne Moustapha Guirassy.

Faisant le point sur l’éducation religieuse, le ministre de l’Education nationale a invité les acteurs à connecter l’école aux daaras. «Maintenant, il y a un rattrapage à faire vers les daaras qui n’ont pas suffisamment intégré l’école. Je pense qu’aujourd’hui toutes les communautés religieuses, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes, devraient être à l’aise. C’est simplement une harmonisation pour que le Peuple sénégalais, que l’on connaît uni, se retrouve et que l’enfant sénégalais gagne, et il est au centre de ce processus», poursuit le ministre de l’Education.

Interpellé sur la situation des enfants qui sont dans la rue, il précise : «La place de l’enfant n’est pas dans la rue. Person­nellement, le ministère de l’Education nationale va mener, à côté du ministère de la Famille, ce retrait. Donc l’enfant est sacré et aujourd’hui si nous réglons ces questions-là entre nous, nous allons avancer. Le daara est un métier noble, c’est une activité noble, il s’agit de’, de nos enfants. Cette question sera naturellement portée par les daaras et le gouvernement sera à côté. Les daaras pour protéger l’enfant qui est l’avenir du Séné­gal. Pour le recensement, nous avons autour de la table de con­certation les principaux acteurs, le travail de recensement sera beaucoup plus facile.»
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