#Mbour – Pédophilie, acte contre-nature : Le professeur d’Eps Pape Ciré Sall condamné à 10 ans de réclusion criminelle

Le professeur d’éducation physique Pape Ciré Sall, âgé de 43 ans, qui avait violé son élève, âgé de14 ans, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour acte contre-nature et pédophilie. Par Alioune Badara CISS –
Le professeur d’éducation physique Pape Ciré Sall, âgé de 43 ans, qui avait violé le fils d’un imam, jugé le 14 décembre 2023, a été condamné hier par la Chambre criminelle de Mbour à 10 ans de réclusion criminelle. Il devra aussi payer la somme de 5 millions en guise de dommages et intérêts. M. Sall a été jugé pour acte contre-nature et pédophilie sur son élève de 14 ans. Malgré ses dénégations et contestations, le procureur était d’avis que tous les éléments confirmaient la culpabilité du professeur qui est de mauvaise foi. Le condamné devra aussi verser 5 millions F Cfa à sa victime en guise de dommages et intérêts. Alors que les avocats de la partie civile réclament 10 millions F Cfa.
Pour rappel, les actes commis par cet enseignant sur cet élève, dans une école élémentaire de Mbour, ont été découverts par la sœur de la victime. O. H. Kane avait découvert des messages à caractères obscène et sexuel qu’un homme du nom de M. Sall envoyait à son jeune frère de 14 ans. Le contenu des messages est ahurissant car le professeur appelait son élève : «Mon bébé, mon amour.» Les réponses de l’élève étaient aussi sans équivoque. Naturellement, elle va informer sa grande sœur, prof d’espagnol. Le jeune élève va subir un interrogatoire de la part de ses sœurs, et finalement, va craquer et finira par raconter son aventure avec son professeur.
A la barre de la Chambre criminelle de Mbour, la sœur déclare qu’elle avait été retournée par cette histoire : «Je n’ai pas dormi de la nuit. Quand j’ai découvert que c’était Pape Ciré Sall la personne en question, je n’arrivais plus à marcher. C’est alors que j’ai déposé une plainte. Face aux enquêteurs, Pape Ciré Sall m’a clairement dit que s’il savait que la victime était mon petit-frère, il ne l’aurait jamais touchée. Il a reconnu son horrible attitude envers mon frère. Et m’a même dit qu’on aurait dû régler le problème à l’amiable», a déclaré O. H. Kane.
Des propos confirmés par l’enfant qui balance au juge : «Daff ma done violé (il me violait). Après chaque viol, il me donnait 500 F pour que je retourne chez moi.» Faisant le récit de son premier viol supposé, A. Kane déclare : «Notre premier rapport a eu lieu à côté du restaurant Chez Barry, près de la station Shell, vers 16h ou 17h. Il m’a assuré qu’il organisait une fête avec d’autres élèves. Je me suis rendu dans la maison où la fête devait se tenir. Il m’a emmené dans une chambre et m’a dit que les autres invités allaient nous rejoindre bientôt. Il a commencé à me caresser, j’ai tenté de m’enfuir, mais il m’a retenu et m’a jeté sur le lit. Il a alors abusé de moi. Il m’a remis 500 F pour que je rentre chez moi», précise la victime. L’élève a même annoncé au juge qu’il s’est fait violer quatre fois, parce que le professeur d’éducation physique a menacé de rabaisser ses notes, et même auprès des autres professeurs. Pris de panique, l’élève y est retourné à quatre reprises.
Des propos contradictoires avec ceux tenus par Pape Ciré Sall, qui avait assuré devant les enquêteurs de la police avoir agi sur recommandation de son marabout Fodé Faty. Le marabout lui avait suggéré d’entretenir des rapports sexuels avec de jeunes garçons pour soigner son problème de stérilité. Mais il a été découvert que Pape Ciré Sall était déjà père de famille, car ayant déjà une fille.
Pire, il a accusé A. Kane de lui avoir envoyé des messages coquins, car il avait l’habitude de laisser son portable à son élève pour qui il avait beaucoup d’affection.
Ainsi, le professeur a abusé de l’enfant à quatre reprises. Les trois premières fois, c’était dans la chambre de son ami, Talla Fall, et la dernière fois, c’était dans sa maison en chantier qui se situe à Malicounda. Face à ces accusations d’une extrême gravité, le professeur d’Eps a nié les propos de l’élève. Malgré ses dénégations, pour le procureur, tous les éléments confortent la culpabilité de l’accusé qui est de mauvaise foi. «Il nie avoir signé le Pv d’enquête alors que c’est bel et bien lui qui l’a signé. L’acte contre-nature est établi, car l’accusé est du même sexe que la victime. Il y a des faits concordants qui démontrent à suffisance que le jeune A. Kane dit la vérité.» Il a demandé au Tribunal de condamner l’accusé à une peine de 10 ans pour acte contre-nature et de pédophilie.
Le malheur ne venant jamais seul, un autre cas sur un autre mineur a été découvert. Au cours des débats d’audience, il est ressorti que Pape Ciré Sall n’en était pas à sa première expérience. Il avait déjà eu des problèmes similaires avec un autre enfant. En effet, il est ressorti de l’enquête que le professeur d’éducation physique avait une fois tenté d’abuser d’un enfant du nom de D. Assef. Avant que le père de ce dernier ne saisisse la Justice, l’affaire avait été réglée à l’amiable. Il avait même remis une forte somme d’argent pour se faire pardonner.
Pour Me Ahmed Moussa Sall, si ce n’était que le jeune A. Kane qui l’accusait, on pouvait douter. Malheureusement, il y avait une autre victime du nom de D. Assef. Sa consœur, Me Dia Sylla, se demande comment un professeur pouvait laisser son élève utiliser son portable sans broncher. «En tant qu’éducateur, comment vous pouvez laisser votre élève utiliser votre portable pour envoyer des messages obscènes à des personnes inconnues ? Vous avez demandé pardon au père de D. Assef, agenouillé, en pleurs. Sans remords, vous dites n’avoir rien fait. Quel intérêt aurait A. Kane à vous incriminer», a demandé Me Dia Sylla, qui estime que l’accusé avait un ascendant sur sa victime.
Pour les avocats de la défense, les faits qui sont imputés à leur client n’existent pas. Me Ciré Clédor Ly et ses confrères estiment que les faits qui sont reprochés à leur client ne sont pas établis, parce qu’ils ne sont pas prouvés. «On lui prête des déclarations qu’il n’a pas tenues. Les messages ne peuvent pas être des éléments de preuve. On a signé à sa place pour lui faire porter le chapeau», ont défendu les trois avocats de la défense. Cela n’a pas convaincu le juge.
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