Le Cadre de concertation des acteurs de la pêche artisa­nale  (Ccapas) va observer une journée morte durant  la mi-février pour dénoncer les nombreuses difficultés que le secteur de la pêche vit depuis bientôt deux ans. Ils vont en plus, adresser un mémorandum et une lettre ouverte au président de la République pour demander la tenue du Conseil présidentiel sur la pêche qui est annoncé depuis bientôt deux ans.Par Alioune Badara CISS(Correspondant)

– Après six rencontres avec leur ministre de tutelle sans trouver une solution à la crise qui mine le secteur de la pêche depuis bientôt deux ans, les acteurs de la pêche artisanale ont mis sur pied un cadre de concertation pour trouver  des solutions au secteur qui vit des moments très difficiles.
En conclave avant-hier à Mbour,  Pierre Mboup, le coordonnateur du Cadre de concertation des acteurs de la pêche artisanale n’a pas mis de gants pour dessiner un tableau sombre de leur secteur d’activité, ainsi que du manque de volonté du ministre de la Pêche et de l’économie maritime : «Nous vivons toujours le problème de la rareté de la ressource et sans cela, le secteur de la pêche va vivre une crise profonde et tout le monde connaît les raisons. Nous avons tenu des rencontres avec le ministre de la Pêche à six reprises, sans aucune solution. Donc, il est temps que  le président de la Répu­blique  prête une oreille attentive à nos problèmes. Mais nous sommes très inquiets parce que nous avons entendu le président de la République tenir des propos qui font peur. Il a déclaré que les pêcheurs ne peuvent pas aller là où se trouvent le thon et le merlu. C’est lui également qui a déclaré que Abdoulaye Wade a vendu aux étrangers la sardinelle à 15frs, il avait interpellé ce dernier en lui disant que les Sénégalais ont aussi le droit de manger du ‘’Thiof’’. Récemment nous avons entendu dire que nos pêcheurs ne peuvent pas aller là où il y a les plateformes pé­trolières. C’est pourquoi, nous lui demandons qui le con­seille.»
Selon lui, ces propos du ministre prouvent que le chef de l’Etat ne maîtrise pas le secteur de la pêche et qu’il est très mal conseillé : «Un président de la République doit tenir envers ses concitoyens, des propos corrects. Je lui dis que même les pirogues qui font 8 mètres ou 9 mètres peuvent aller jusqu’à 150 kilomètres pour pêcher. Et les pirogues qui rallient l’Espagne, elles passent par où ? Et les pirogues qui vont en Guinée-Bissau, qui font plus de 2000 kilomètres ? Pourtant  la plateforme de Sangomar est juste à 150 kilomètres, celle de Diattara à Saint-Louis est juste à 80 kilomètres. Donc, il doit revoir son entourage et ceux qui le conseillent en matière de pêche», a indiqué le coordonnateur du cadre de concertation.
En plus des tournées de sensibilisation auprès  des chefs religieux, le cadre de concertation a promis également de poser d’autres actes. «Nous allons écrire un mémorandum et une lettre ouverte que nous allons adresser au président de la République mais également cette lettre sera suivie d’une journée morte. Les acteurs de la pêche artisanale vont  observer une journée morte durant la mi-février où il n’y aura pas de travail du tout, pour montrer les difficultés que nous vivons au quotidien.
Nous allons aupara­vant  organiser les assises nationales de la pêche d’ici le 15 janvier 2022, parce que ceux qui doivent l’organiser font la sourde oreille malgré nos multiples interpellations. Donc, ces assises viseront à trouver des solutions à ces problèmes», a renseigné Ameth Wade, porte-parole du cadre de concertation.
Ces acteurs se disent également inquiets de la construction du port de Nda­yane. «L’espace des pêcheurs sera réduite, ce qui constitue un grand problème pour les pêcheurs.
Malgré que la première pierre ait été posée, les populations ne sont toujours pas d’accord. En plus de ça, avec les plateformes pétrolières, ils vont prendre d’autres zones de pêche, il faut que nos autorités sachent que nous faisons partie de la population», se désole Pierre Mboup.
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