Mbour – Protection de l’état civil : 12 mille 831 actes d’état civil régularisés

L’association «A bras grands ouverts» (Abgo), en partenariat avec l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Mbour 1, a réussi à régulariser 12 mille 831 actes d’état civil.
Par Alioune Badara CISS – L’association «A bras grands ouverts» (Abgo), en partenariat avec l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Mbour 1, face à la presse ce samedi, a dressé un bilan très positif de son action en faveur de la régularisation de l’état civil des enfants scolarisés au Sénégal, soulignant les efforts de l’Etat sénégalais tout en insistant sur la nécessité d’une «révolution copernicienne» pour éradiquer le problème.
Au total, l’Ief de Mbour 1, avec le soutien d’Abgo, a réussi à régulariser l’état civil de 12 mille 831 enfants depuis 2022, principalement par l’organisation d’audiences foraines dédiées. Rien qu’en 2025, l’association a aidé près de 5 mille 865 enfants à obtenir un état civil dans différentes régions. Néanmoins, au sein des écoles relevant de l’Ief de Mbour 1, 22 mille 032 enfants restaient sans acte de naissance à la fin de l’année précédente, un chiffre qui sera actualisé à la fin de novembre 2025.
Le Sénégal a récemment intensifié sa lutte contre la non-déclaration des naissances. Le programme national Nekal a permis la numérisation de millions d’actes et la connexion de 405 centres d’état civil à travers le pays. «Force est de reconnaître que le Sénégal a fait ces derniers temps des pas de géant dans la croisade contre la problématique de l’état civil. 405 centres sont connectés. Des millions d’actes déjà numérisés avec le programme Nekal», a déclaré Jacques Dioh, ambassadeur d’Abgo.
Cependant, des défis majeurs persistent, révélés notamment lors de la réunion interministérielle du 18 mars 2025, montrant que 409 789 élèves des cycles préscolaire et élémentaire sont toujours sans acte de naissance, rappelle l’ambassadeur d’Abgo. En plus de cela, il faut y ajouter les problèmes d’accès et de fraude documentaire avec 1, 62% des demandes qui présente de faux extraits.
Face à cela, Abgo se positionne en partenaire-clé de l’Etat, allant au-delà de la construction d’écoles, son activité initiale au Sénégal depuis 2007. L’association a concentré ses efforts sur trois axes, à savoir «la sensibilisation et le maillage à travers des campagnes via les radios communautaires et la télévision ; des audiences foraines dédicacées avec l’organisation d’audiences judiciaires spécifiquement pour les enfants scolarisés, en délocalisation du Tribunal dans les Ief ; l’équipement des postes de santé avec la création de Coins état civil santé (Cecs)», a précisé M. Dioh.
Ainsi, l’évolution des procédures d’audience foraine a été un facteur de succès majeur, comme l’a expliqué Daniel Fradin, président d’Abgo. «On est passés au jugement collectif, où les coûts sont particulièrement diminués. Et maintenant, la dernière fois, ce sont les enseignants qui s’engagent pour les enfants de leur classe, qui font le dossier, et les enfants ne se déplacent plus», a souligné M. Fradin. Cette approche a permis d’accélérer la régularisation des actes tardifs. De son côté, Amadou Diouf, planificateur à l’Ief de Mbour 1, a rappelé l’impact crucial de cet accompagnement pour les familles les plus vulnérables : «Abgo vient vraiment nous accompagner pour faciliter, aider les familles qui n’ont pas les moyens de pouvoir venir participer à ces audiences-là», dit-il. L’association a également mis l’accent sur la prévention, en équipant les postes de santé pour l’enregistrement immédiat des nouveau-nés.
Cette initiative est née d’une interpellation : «Madame Aminata, autour de cette table, en face des journalistes, nous avait dit en son temps : «Mais pourquoi n’enregistre-t-on pas les enfants quand ils naissent ?» Et c’est là qu’on a eu l’idée d’étendre cette méthode et de travailler aussi sur ce sujet», a rappelé Daniel Fradin. Abgo prévoit aujourd’hui d’atteindre plus de 70 postes de santé équipés d’ici la fin de l’année 2025, matérialisant ainsi le rêve de l’ambassadeur Jacques Dioh d’une «révolution copernicienne de l’état civil. Où chaque poste de santé sera doté d’un point d’état civil».
Malgré les chiffres encourageants, le besoin reste immense. L’absence d’acte de naissance crée une psychose chez les élèves menacés d’être renvoyés à l’entrée en 6e. «On ne peut pas réussir les études sans état civil. Des fois même, ils accusent les parents», a témoigné M. Diouf.
M. Dioh a conclu en lançant un appel solennel aux autorités : «Je fais un clin d’œil aux maires dans l’espoir de voir un jour la possibilité de rendre gratuite toute déclaration de naissance, de décès, de mariage ou de divorce.»
Le travail se poursuit avec l’organisation en cours de nouvelles audiences foraines, en attente des chiffres actualisés du recensement des élèves sans état civil par l’Etat sénégalais fin novembre.
Abgo poursuit son action au Sénégal, tout en faisant face à une année 2025 endeuillée par la perte de deux collaborateurs de longue date, Tahirou Diallo et Amadou Baldé, dont la mémoire a été saluée par le président Daniel Fradin.
abciss@lequotidien.sn




