#Mbour – Révision de la loi sur le tabac : Les députés portent le combat

A l’instar de la Communauté internationale, le Sénégal célèbre aujourd’hui la Journée mondiale sans tabac. Pour vaincre le tabagisme, ces acteurs, qui ont engagé la lutte depuis plus de 40 ans contre les méfaits du tabac et les produits dérivés du tabac, plaident pour la réactualisation de la loi anti-tabac votée en 2014.Par Alioune Badara CISS –
La loi anti-tabac comporte encore des points à améliorer. Pour mener à bien cette lutte, le Forum civil a organisé, hier à Mbour, un atelier avec les parlementaires pour les sensibiliser sur les ravages que le tabac est en train de faire dans le pays. Selon Dr Abdoul Aziz Kassé, tabacologue, cette loi a laissé en rade beaucoup de points. «Chaque année, l’industrie du tabac génère plus de 104 milliards. Qui paie cette somme ? Ce sont les fumeurs ! Ce sont donc des contribuables sénégalais, ce n’est pas de l’argent qui vient de l’extérieur. Sur ces ressources qui ont été mobilisées, l’industrie du tabac en prend 22 et les donne au gouvernement. Mais aujourd’hui, l’industrie du tabac nous laisse 120 milliards de problèmes», regrette Abdoul Aziz Kassé.
En plus de cela, il soutient que la nouvelle loi doit revoir la taxation. «Mais là où la loi présente plus de défaillance, c’est avec l’arrivée des nouveaux produits dérivés du tabac qui n’étaient pas pris en compte dans l’ancienne loi. Et qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut laisser des bars à chicha s’installer alors que fumer une section de chicha, c’est entre 20 et 100 cigarettes comme équivalent. On ne peut pas le faire parce que la loi qui existait en 2014 n’avait pas pris en compte tous ces aspects. L’heure est venue de remettre tout cela là-dedans», conseille Pr Abdoul Aziz Kassé.
Aujourd’hui, face à ces manquements notés dans cette loi, la Société civile veut porter le plaidoyer le plus haut possible. Cela doit passer par la sensibilisation pour un changement de comportement, afin que les sénégalais arrêtent certaines pratiques liées au tabac.
Autant d’aspects qui sont contenus dans la nouvelle loi. «Toutes ces dispositions ont été étudiées en Secrétariat général du gouvernement avec tous les membres des différents ministères du gouvernement passé. Il ne reste plus qu’une seule chose, c’est que tout ça soit remis au Président Diomaye Faye qui, pour protéger sa jeunesse, doit en Conseil des ministres donner des directives pour que le Premier ministre Ousmane Sonko puisse défendre la nouvelle loi au Parlement, dans l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais, mais surtout pour la protection de la jeunesse du Sénégal», tranche le tabacologue.
Venu représenter le président de l’Assemblée nationale, le député Dialou Bathily, membre de la Commission santé, population, affaires sociales et solidarité nationale de l’Assemblée nationale, regrette que le tabac soit la cause de plusieurs maladies telles que le cancer. Il précise que des mesures ont été prises pour la réduction du coût de la santé et la réduction de la consommation du tabac. «Il y a eu des mesures qui ont été proposées, à savoir la taxation sur le tabac, la suppression de tout ce qui est publicité autour du tabac, entre autres. Le fait de revoir cette loi est dû aux nouveaux produits qui n’ont pas été incorporés», assure le député Dialou Bathily.
Aujourd’hui, l’Etat supporte 122 milliards de coût pour le tabagisme alors que les industries du tabac ne lui donnent que 22 milliards. «Je pense qu’il y a un gap par rapport à ça. Rien que pour cela, c’est une raison de revoir la taxation sur le tabac. C’est pourquoi aujourd’hui, nous les députés, c’est avec un grand plaisir que nous allons porter ce combat-là pour l’augmentation des taxes sur le tabac afin d’essayer de réduire, comme on l’a dit, les coûts de santé ou essayer de trouver une solution pour éradiquer ce fléau. Mais aussi surtout, par rapport au projet de loi, qui est notre responsabilité, essayer de l’actualiser pour faire en sorte que cela passe au niveau de l’Assemblée nationale afin de régler une bonne fois pour toutes ce problème de tabac», déclare le président de la Commission santé.
Pour marquer le coup, les députés soutiennent avoir commencé le plaidoyer. «La majeure partie des députés, en tout cas ceux qui sont dans la Commission santé, sont présents. A la sortie de cet atelier, nous allons faire la restitution auprès des autres députés. Maintenant, le projet qui est en cours, il faut qu’il passe au niveau du Conseil des ministres, ensuite cela va revenir au niveau de l’Assemblée nationale en commission technique. Et c’est nous, la Commission de santé, qui allons le recevoir et l’étudier. Vu que nous sommes sensibles à ce problème-là, il sera juste question de le revoir et de voir s’il y a des amendements à faire, et puis de porter le projet et de le voter volontiers parce qu’il y va de la santé de la population», renseigne le député.
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