Avec l’exploitation des carrières minières dans la zone, les communautés de Bandia, Sindia et d’autres villages ont décidé de mettre en place des stratégies pour réduire leur impact environnemental. Par Alioune Badara CISS –

Face aux dommages environnementaux et sociaux massifs causés par les carrières minières dans la zone, les communautés de Bandia, Sindia et des villages environnants se mobilisent. Elles ont lancé, ce week-end, à travers un forum citoyen à Bandia, dans la commune de Diass, un Comité inter-villageois de protection de l’environnement pour porter un plaidoyer fort, exigeant le respect des engagements et une contribution réelle au développement local de la part des entreprises extractives.

La création de ce Comité inter-villages est l’aboutissement de plusieurs mois de travail et de sensibilisation. Il regroupe les structures et les couches de la population de Bandia, Kirène, Tchiky, Sindia, Kiniabour et Thiéo, allant des autorités villageoises aux associations de jeunes et de femmes. Assane Dione, coordinateur du Comité de veille de Bandia, revient sur le besoin d’une action concertée. «On a senti qu’il n’y avait pas de suivi dans nos actions. Maintenant, ce qui a surtout réveillé les consciences, c’est l’arrivée peut-être de nouvelles autorités qui ont vraiment ouvert les portes… On s’est dit, pourquoi ne pas essayer de créer une autre dynamique, une autre démarche», a déclaré M. Dione.

Cette dynamique, appuyée par des partenaires comme Oxfam, Aje et Enda Leads Afrique Francophone, vise à informer et former les populations sur les textes et lois régissant les mines et l’environnement, afin de mieux défendre leurs intérêts. Abou Salam Diam, responsable plaidoyer chez Oxfam, confirme l’objectif : «C’est un processus qu’Oxfam a facilité depuis le début pour vraiment venir accompagner les communautés à mieux comprendre la problématique de l’exploitation des ressources extractives et aboutir vraiment à la mise en place d’un plan de plaidoyer.»

Les conséquences de l’exploitation minière sur la vie des habitants sont alarmantes et touchent divers aspects du quotidien. En atteste l’état des infrastructures, qui est un point de crispation majeur. Assane Dione dénonce la destruction de la route menant à Thiès : «C’est une route qui était très belle, empruntée par les voitures. Mais maintenant, il faut faire des heures pour pouvoir accéder au village de Bandia.» Il a souligné également les risques vitaux que cela engendre : «Si quelqu’un tombe malade et qu’il a besoin d’être évacué à l’hôpital, il peut passer plusieurs minutes, même une heure de temps, pour pouvoir accéder au Poste de santé de Sindia, qui est à moins de 10 km de Bandia.»

En plus des infrastructures, la santé publique est également menacée. M. Dione regrette : «Les maladies pulmonaires sont très fréquentes à cause de la pollution de l’air. Il y a beaucoup de murs qui sont fissurés à cause des mines.» Aujourd’hui, les carrières ont un impact direct sur l’environnement local et les activités économiques traditionnelles. C’est le cas de l’apiculture qui est en déclin. «L’apiculture ne marche plus à cause de la poussière. Avec la poussière, les abeilles ont tendance à fuir», déplore Assane Dione.

Plus largement, les populations ne voient pas de contrepartie à l’exploitation de leur sous-sol. «Ils exploitent le sous-sol, ils y tirent beaucoup de profit. Mais, les populations n’y trouvent pas leur compte», martèle le coordinateur du comité.
Le maire de la commune de Diass, qui a pris la parole au nom de ses collègues, insiste sur la nécessité pour les entreprises d’être de véritables partenaires de développement. «Les carrières ne sont pas des ennemis, les carrières ne sont pas des adversaires, les carrières doivent travailler en bonne intelligence avec les populations afin de réduire les nuisances, mais surtout s’impliquer dans le développement social et économique des localités», affirme-t-il. C’est pourquoi il a rappelé que le plaidoyer du comité vise à «amener l’Etat à faire respecter les normes d’exploitation par les compagnies minières, amener les compagnies minières à contribuer au développement des communautés (services essentiels, financement de projets d’autonomisation pour les femmes, emploi des jeunes)», a-t-il listé. Le maire Mamadou Ndione a également soulevé la question cruciale de la réhabilitation des sites après exploitation. Il rappelle que le Code minier exige la réhabilitation, et que les entreprises déposent une caution à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) à cet effet. «Nous allons transmettre aux autorités administratives pour voir ensemble comment trouver une formule pour que si l’entreprise n’arrive pas à le faire ou ne veut pas le faire, on puisse utiliser le levier de la caution que cette entreprise avait déposée», précise-t-il. L’objectif final est de faire en sorte que l’exploitation des richesses minières profite réellement aux communautés. Le Comité inter-villages de protection de l’environnement se positionne comme l’organe de veille et de plaidoyer qui assurera le suivi constant des engagements pris par l’Etat et les entreprises.
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