Le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust)  est très remonté contre les magistrats. Interpellé hier sur les conséquences de leur grève sur le délibéré du procès de Khalifa Sall et compagnie qui doit être rendu aujourd’hui, Me El Hadji Malick Boune Ayé Diop n’a pas caché son courroux. Selon lui,  «certains juges tiennent des audiences alors que les greffiers observent  un mouvement de grève». Le Secrétaire général du Systjust trouve que «ces magistrats ne sont animés que  par l’intention de saboter notre mouvement en  violation de la loi».  En le faisant, souligne-t-il, «ils  sont en train de poser des actes illégaux». Et c’est «scandaleux».  D’ailleurs, précise le greffier,  le Code de procédure pénale permet au greffier ad-hoc de ne siéger que devant le Tribunal des flagrants délits, le Tribunal correctionnel, mais pas devant la Chambre civile, commerciale ou le Tribunal de travail. Le syndicaliste prévient : «On ne peut pas toucher des actes qui ont été posés par des personnes que je ne dirais pas assermentées à qui on a fait recours que pour les besoins d’une audience. Ce n’est pas sérieux et c’est l’occasion de dire à nos amis magistrats, surtout les  juges qui réclament l’indépendance de la justice,  qu’une indépendance s’assume.» Il renchérit : «Le juge n’est pas un préfet. Il ne lui n’appartient pas de créer  les conditions d’un procès juste et équitable. Quand les conditions ne sont pas réunies, le juge n’a qu’à renvoyer l’audience. Il n’est ni un préfet, ni un gouverneur, ni un commis de l’Etat.» Par conséquent, il prévient. «Quand on est en grève, les conditions d’un procès juste et équitable ne sont pas réunies. Car, après audience, il y a des actes à poser. Nous, les greffiers, on ne traite pas les décisions rendues par un greffier ad-hoc. On a vu beaucoup de dossiers, qui n’ont pas été traités depuis 2005. On les a entassés dans des greffes comme de la poubelle», informe le Secrétaire général du Sytjust. Me Boune Ayé Diop conclut : «Si aujourd’hui on peut se permettre de poser certains actes en tant que juges, on n’a pas le droit de demander une justice indépendante.»
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