Il ne fallait pas rater l’évènement musical cette année sous peine de risquer la pérennisation du festival Saint-Louis Jazz. A cet effet, l’association organisatrice a mis les bouchées doubles. Elles ont été 5 personnes à organiser la 29ème édition. Qui a eu le mérite de contribuer à la réouverture de certains commerces.Par Malick GAYE – Envoyé spécial à Saint-Louis
– Ça y est ! Quand on parlera de la 29ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis on le fera au passé. L’édition s’est refermée hier avec la traditionnelle conférence de presse de clôture. Une occasion pour le président de l’Association Saint-Louis Jazz de faire le bilan provisoire et non chiffré.
«L’histoire se répète très bien. La 29ème édition a été organisée par 5 personnes, (notre interlocuteur), Fara Ndiaye, Benjaloum, Amadou Diop et Mame Birahim Seck, en un mois. Nous sommes allés vers la Bicis qui s’est étonnée qu’on puisse l’organiser avec des délais aussi courts. Les partenaires historique que sont le Luxembourg, les ministères de la Culture, des Transports et l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt) ont aussi contribué», a déclaré Me Ibrahima Diop. Qui a rappelé les motivations pour ne pas reporter une deuxième fois cette 29ème édition.
«On s’est dit que si nous pouvons vivre avec le virus, nous pouvons organiser cette 29ème édition. Nous avons eu parfois du mal à loger des artistes tellement les hôtels étaient pleins» s’est-il réjoui. Un «coup de force pour rassembler ces artistes», qu’a salué le Directeur général de la Bicis, principal partenaire du festival. Bernard Levie a assuré le soutien de la Bicis pour la prochaine édition. «Cet événement dépasse les frontières du Sénégal et Saint-Louis vit un peu grâce à ça. Nous allons continuer à vous accompagner», a-t-il déclaré.
Benjaloum, pour prouver la réussite de cette 29ème édition, a expliqué que 800 places étaient prévues pour chaque concert In mais ce chiffre a été largement dépassé. En l’absence de chiffre sur le taux de remplissage des hôtels, le vice-président de l’Association Saint-Louis Jazz avoue qu’il est difficile de parler de réussite, néanmoins il a donné quelques indications. «Des restaurants et cabarets sont restés fermés plus d’une année. Mais lors de ces 3 jours, ils ont ouvert leurs portes. Il y avait du monde», a déclaré Fara Ndiaye.
Le directeur artistique du festival, pour sa part, s’est prononcé sur le choix des artistes qui a été dicté par la crise sanitaire. «Le Sénégal est resté très ferme sur les voyageurs. Il fallait choisir des artistes par rapport à leur provenance», a expliqué Mame Birahim Seck. Qui s’est dit «surpris par la réussite de l’événement». Voulant anticiper sur la 30ème édition du festival, Mame Birahim Seck a annoncé que celle-ci est programmée du 2 au 6 juin 2022. Pour autant, les organisateurs restent suspendus «à l’évolution de la pandémie» pour la tenue de la 30ème édition.
Baba, pas si Maal sur du Jazz
Le hasard fait, parfois, bien les choses. Il a fallu que le Covid-19 s’installe au Sénégal pour que Baba Maal puisse jouer au Saint-Louis Jazz. C’est le seul mérite de la pandémie pour notre pays. Et vu sa prestation ce n’était pas si Maal. Bien au contraire, il a enchanté le public de l’Institut français de Saint-Louis. Qui a refusé du monde pour la venue de la star locale. En effet, programmé à 23 heures, Baba Maal est monté sur scène peu avant minuit.
Pour ceux qui étaient en retard, il fallait faire la queue et prendre le risque de se faire éconduire par la police pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait plus de place. A l’intérieur, la distanciation sociale ainsi que le port du masque, bien qu’obligatoire, étaient de vieux concepts. Il fallait s’amuser et rien de plus.
Accompagné par Moussa Sy de la Mauritanie à la guitare solo, Franky, un Saint-Louisien, à la basse et Ndiaga Mbaye à la batterie, Baba Maal a opté pour une musique douce loin des standards de son Dande Lenol. Au fil du temps, la douceur cédait la place à une musique rythmée beaucoup plus africaine. Baba Maal emporté par l’ambiance va finir par offrir son grand boubou au public. Le reste se passe de commentaires.
Absence de mécénat : L’appel de Abdoulaye Cissoko
«Si on veut vraiment utiliser notre aisance artistique, on a besoin de collaborateurs, de partenaires, de mécènes qui nous soutiennent pour qu’on soit libre dans notre création.» Abdoulaye Cissoko en est persuadé : l’artiste ne peut démarcher en même temps des partenaires et créer.
«La culture souffre beaucoup en Afrique. Notre mission, ce n’est pas seulement de jouer ou de chanter, il s’agit de représenter notre patrimoine, notre culture à travers le monde et pour cela, on a besoin de partenaires pour nous aider et nous faciliter le travail», a-t-il plaidé lors du master class des jeunes qu’il a formés à l’école Kordaba. «La Fondation Bnp Paribas et la Bicis ont compris le devoir de soutenir l’art et cela doit être un déclic pour les autres afin qu’ils soutiennent la culture», a soutenu le koriste.
Le rap s’invite au Prytanée militaire
Né dans la rue, le rap a fait du chemin. Plus de 30 ans durant, ce mouvement, considéré jadis comme le repère des chômeurs et des flemmards, a atteint des sphères insoupçonnées. Le Prytanée militaire de Saint-Louis, qui forme des enfants de troupe appelés à devenir des cadres dans l’Armée et l’Administration, a été le théâtre du fait assez inédit.
Les enfants de troupe, devant animer un master class, ont choisi d’interpréter la chanson de l’école en version rap.
Accompagné par le groupe Jamm Jazz, les enfants de troupe ont émerveillé plus d’un. A noter que le master class de cette année a été marqué par l’absence de Mamadou Ndiaye et Charles, respectivement professeurs de musique et de français. Un hommage leur a été rendu.
mgaye@lequotidien.sn