Me Simon Ndiaye, avocat de la défense : «Lamine Diack est soulagé d’avoir pu faire face»

Au micro de nos confrères de Sud Fm, Me Simon Ndiaye, un des avocats de Lamine Diack, est revenu hier sur le procès de l’Iaaf qui a pris fin ce jeudi ; le délibéré étant attendu le 16 septembre.
Maître, comment Lamine Diack a vécu ce procès ?
Monsieur Lamine Diack attendait ce procès depuis très longtemps. Cette audience lui a permis de laver son honneur en donnant des explications très précises sur ce qu’il a fait et il a été soulagé et fier d’avoir pu faire face.
Pourquoi il est soulagé malgré les charges qui pèsent sur lui ?
Parce que sa défense a démontré de façon très claire que les accusations ne sont pas fondées. Vous savez que Lamine Diack est accusé de corruption et d’abus de confiance. Or, ce sont des accusations extrêmement graves qui portent un coup à sa probité, à son honneur, à son intégrité. L’important pour nous était de montrer que Lamine Diack est sur le plan humain quelqu’un de très attachant, sur le plan professionnel quelqu’un d’extrêmement rigoureux et sur le plan juridique, il est quelqu’un qui a toujours respecté les règles. Il a toujours travaillé dans l’intérêt de l’Iaaf et il ne s’est jamais enrichi au détriment de cette Association. Lamine Diack a consacré sa vie, et je l’ai rappelé lors de notre plaidoirie, au service public, au sport… Et le monde du sport, en tous cas les athlètes, est extrêmement reconnaissant à l’égard de Lamine Diack. Il se trouve qu’aujourd’hui, il y a un nouveau dirigeant, Sebastian Coe, qui est à la tête de l’Iaaf et qui cherche à effacer l’héritage de Lamine Diack. C’est peut-être une façon pour les Anglo-saxons de reprendre la main sur ce qui a été géré et bien géré par un Africain, un Sénégalais, un Francophone. Et ils utilisent pour cela, la justice internationale dans une opération qui serait une sorte d’opération mains propres. Mais je pense qu’avant de regarder les failles qu’il y a dans l’œil du voisin, il faut voir la poudre qui est dans son œil.
Selon vous, la responsabilité de Sebastian Coe est aussi engagée ?
Sebastian Coe, je le rappelle, était vice-président quand Lamine Diack était président. Donc, s’il y avait une mauvaise gestion de l’Iaaf, il devrait être, au moins, en partie responsable. Ce que nous soutenons, c’est qu’il n’y a aucune mauvaise gestion. Bien au contraire, Lamine Diack qui est arrivé à la tête de l’Iaaf en 1999 et qui est resté pendant plusieurs années, au moment où il partait, les caisses de l’Iaaf étaient extrêmement bénéficiaires. Il a laissé plus de 70 millions de dollars dans les caisses. Et cet acquis il l’a eu en travaillant sur le Marketing, en travaillant sur les événements sportifs, en travaillant sur l’universalisation de l’athlétisme dans les écoles, dans tous les continents, en créant des centres y compris au Sénégal. J’ai beaucoup rappelé dans ma plaidoirie le Centre de Dakar qui a fait des champions mondiaux comme Amy Mbacké Thiam, des Ivoiriennes… Et Lamine Diack, quand il a pris la parole à la fin de l’audience, il a rappelé à la présidente qu’il avait évité à faire citer comme témoin Usain Bolt pour une question de moralité parce que tous ces athlètes lui sont reconnaissants. La Jamaïque n’avait pas de piste lorsque Lamine Diack est arrivé à la tête de l’Iaaf. Tous les athlètes jamaïcains allaient en Angleterre où aux Etats-Unis. Et c’est pareil pour d’autres pays. Donc, voir un homme de cette grandeur qui sur le plan personnel fait toujours preuve d’humanité, voir un tel homme être traîné dans la boue et pris pour un bouc émissaire, parait injuste et insupportable. Et moi, en tant qu’avocat, mais aussi en tant que Sénégalais, j’ai tenu à me battre à ses côtés et j’espère que notre combat portera ses fruits.
A vous entendre, le délit de corruption n’existe pas ce dossier ?
Le délit de corruption n’existe pas du tout dans ce dossier et nous l’avons démontré pendant toute l’audience, plus particulièrement au cours de notre plaidoirie. On soutient que Lamine Diack aurait obtenu des fonds des russes pour financer une campagne électorale sénégalaise. On soutient qu’il aurait racketté des athlètes afin que ces derniers soient retirés de la liste des personnes qui se sont dopées. Tout cela ne tient pas la route. Il n’y aucun élément dans le dossier, à part quelques déclarations, qui tendrait à montrer qu’il y aurait un lien entre des Russes et une campagne électorale sénégalaise.
Et vous savez qu’en matière de corruption, il faut un engagement qui est pris par le corrompu avec une contrepartie qu’obtiendrait le corrupteur. Ici, on est à 10 000 lieux de tout cela. Il n’y a aucun élément qui permet de le penser. Lamine Diack a toujours dit qu’il était un homme indépendant, qu’il n’a jamais demandé de l’argent à personne et que quand il est devant son miroir, comme lui avait appris son père, le matin, il se demande toujours s’il doit regarder le miroir en face ou baisser la tête. Hier, nous étions fiers de l’entendre dire, aujourd’hui je peux encore me regarder dans le miroir sans baisser la tête.
Qu’en est-il de l’implication de son fils, Papa Massata Diack, dans ce dossier ?
Son fils dont je ne suis pas le conseil, a été impliqué au niveau de l’Iaaf en tant que consultant marketing parce que c’est quelqu’un en qui tous les spécialistes reconnaissent la compétence. Est-ce que c’est interdit à l’époque que le fils d’un président d’une organisation puisse intervenir ? Ce n’était pas le cas. Je précise que Papa Massata Diack n’était pas un employé de l’Iaaf. Il était consultant, il avait sa société et Lamine Diack ne gérait pas le marketing. Le marketing était géré par un département à la tête duquel, il y avait un Allemand. On ne peut pas accuser les Allemands de manque de rigueur. Il y avait une commission, Sebastian Coe participait à toutes ces commissions là et plusieurs personnes aussi. Donc, nous avons dénoncé le fait que les accusations et les poursuites se limitent à des Sénégalais en l’occurrence Lamine Diack, Papa Massata Diack et Habib Cissé ; même s’il y a le Docteur Dollé qu’on mettait dans la barque pour masquer les choses, parce que sinon ça serait trop gros.