Les populations rurales de la région de Tamba­counda, surtout les femmes, commencent à avoir accès à l’énergie grâce à l’Ong Energy 4 impact qui développe des mécanismes d’accès très allégés des ménages à des lampes, des frigos solaires et autres foyers améliorés contribuant grandement à la lutte contre la dégradation de l’environnement et à une meilleure santé de ces dernières.

L’Ong Energy 4 impact a impacté «positivement» la vie des populations rurales et même de certains ménages dans la commune de Tam­bacounda. Grâce à son projet dénommé «Opportunités pour les femmes dans le secteur énergétique», les ménages des zones rurales ne s’éclairent plus à la lumière des bougies, lampes à pétrole ou autres bouses de vaches, souvent très nocives à leur santé, du fait du Co2 qu’elles dégagent. Le projet leur a apporté des lampes solaires durables et accessibles à toutes les bourses. Mieux, dans certaines localités, il y est même installé des frigos modernes qui fonctionnent grâce à l’énergie tirée du soleil.
A Sinthiou Mamadou Boubou, localité située dans le département de Goudiry, où une équipe de l’Ong s’est rendue la semaine dernière, les femmes ont apprécié l’apport du projet. Abassatou Nguette, présidente du groupement Dental rewbe et porte-parole des femmes, n’est pas allée par 4 chemins pour dire toute l’importance du projet. «Depuis la création du village, nous n’avons jamais eu de l’électricité. Aujourd’hui, grâce au projet, nous avons des lampes solaires qui ne coûtent pas cher et éclairent bien nos foyers. Chaque famille s’en est procurée et ne le regrette pas. Avec les lampes, on cuisine le soir sans grosses difficultés et mieux, elles permettent à nos enfants de pouvoir mieux étudier le soir sans risque de voir leurs yeux atteints. C’est vraiment une avancée», se réjouit la dame. Cependant, souligne la président du groupement Dental rewbe, le stock dont elle disposait est épuisé. Les populations se sont rendues compte de leur utilité et en demandent encore. Oumy Ngom du Gie Ceesiri de Tambacounda embouche la même trompette. Active dans la transformation de produits céréaliers avec son groupement de plus d’une trentaine de membres, elle indique que son Gie qui s’est procuré de foyers améliorés ne se plaint plus. «Aujourd’hui, grâce à ces fourneaux modernes et très innovants, nous préparons le double de ce que nous préparions avec les fourneaux traditionnels. Et cela, avec une consommation moindre en charbon ou en bois. Aujourd’hui, avec ces fourneaux, on peut même être bien habillée pour préparer, car la fumée qui est nocive pour la santé ne se voit plus et le temps de cuisson est devenu moins long avec moins d’énergie dépensée», témoigne Mme Ngom.

Les lampes, une alternative aux coupures récurrentes de courant
Les lampes ne sont pas seulement utiles en milieu rural. Dans la ville, les femmes du groupement Ceesiri qui en ont acheté se frottent les mains. «Aujourd’hui, même s’il y a coupure de courant, notre travail continue de plus belle grâce aux lampes solaires. Elles ont une bonne lumière et n’exigent aucune dépense, car l’énergie qu’elles utilisent émanent du soleil et notre région en a à suffisance. Aupa­ravant, il nous arrivait de rester des heures à attendre le retour incertain de l’électricité pour redémarrer nos activités pendant la nuit. Mais avec l’avènement des lampes, ces contraintes sont révolues», se félicite la présidente de Ceesiri.
Ces femmes ne sont pas les seules à saluer l’importance de ces lampes solaires. L’infirmier chef de pos­te de Thiara, localité perdue dans la forêt, informe qu’il leur arrivait «d’accoucher les femmes la nuit, en allumant des bougies, des lampes tempêtes ou parfois même avec la lumière des portables. C’était vraiment difficile».«Main­­tenant avec ces lampes solaires amenées par Energy 4 impact, c’est une véritable révolution. Nous travaillons maintenant les soirs sans aucune difficulté et parvenons à bien accoucher les femmes», soutient Abdoulaye Issaga Sy, Icp de Thiara.

Thiara doté d’un frigo solaire
Trouver de l’eau fraîche ou avoir une boule de glace était jadis un vrai parcours du combattant dans cette localité, car il fallait parcourir 9 km pour arriver à Bala, chef-lieu de la commune, pour pouvoir acheter une boule de glace ou boire de l’eau fraîche. Grâce aux frigos solaires d’Ener­gy 4 impact, les populations de Thiara boivent maintenant de l’eau fraîche à volonté. Un grand changement, selon un ancien émigré en France. «Il y a de cela quelques années encore, c’était inimaginable», dit-il, joyeux. «Et c’est ça le développement, l’émergence», renchérit ce sexagénaire.
Ce frigo solaire est géré par Ourèye Sow. «Energy 4 impact l’a emmené dans le village et je me suis engagée pour le prendre. Grâce au frigo, je parviens à payer la dette et garder beaucoup d’argent. C’est la meilleure activité génératrice de revenus que je n’ai jamais eue», martèle Mme Sow. Cette dame évoluait dans le petit commerce qui ne lui permettait pas de gagner grand-chose. Mais avec l’appareil, elle parvient à tirer son épingle du jeu. «J’arrive à payer les 52 mille francs Cfa du projet et garder beaucoup d’argent», se réjouit Ourèye qui dit cependant en appeler à la réaction urgente des responsables du projet pour que le nombre de frigos soit augmenté dans le village, car toutes les femmes en demandent.

Autonomisation des femmes
Ce projet vise à renforcer l’autonomisation des femmes par le biais des énergies renouvelables, explique le directeur pays du projet, Louis Seck. Il ajoute : «Le projet encadre ici les femmes entrepreneures dans la vente des produits énergétiques comme les lampes et frigos solaires, mais aussi les foyers améliorés. Nous les encadrons dans l’usage productif de l’énergie.» Il s’agit là, poursuit l’ancien ministre des Energies renouvelables sous Wade, «d’accompagner les femmes à pouvoir utiliser l’énergie pour des activités productives, en vue d’augmenter leurs revenus et leurs productions». Mieux, renchérit M. Seck, le projet contribue à la lutte contre la déforestation, l’émission de gaz à effet de serre et à la promotion de la santé des femmes et de leurs enfants. Sur le choix des femmes, l’ancien ministre sous le Prési­dent Wade estime qu’il est beaucoup plus facile de passer par les femmes pour tendre vers un développement durable. En plus, elles sont les plus vulnérables et méritent beaucoup plus de soutien et d’accompagnement.

Promotion de l’énergie solaire

Dans le département de Goudiry, seuls 5 villages sont électrifiés. C’est pourquoi ce projet qui s’adresse aux populations les plus démunies et particulièrement les femmes est venu à son heure. Il leur permet de mieux s’insérer dans le tissu économique à travers les opportunités d’emplois qu’il leur offre, soutient le préfet de Goudiry, Amadou Sakho. Et, ajoute l’autorité administrative, la protection et la préservation de la nature en sortiront mieux renforcées, car les femmes auront beaucoup moins à recourir au charbon et au bois qui, par leur fumée, leur causaient beaucoup de tort. Energy 4 impact vient promouvoir l’utilisation de l’énergie solaire, c’est un bon projet qui entre en droite ligne avec les politiques de l’Etat, selon le préfet Amadou Sakho.
Coumba Gawlo Seck, qui était de la visite, a aussi salué l’avènement de ce projet dans ces localités. La diva a soutenu sans réserve que «c’est un projet novateur et très intéressant». Pour elle, tout ce qui vise à rendre la femme autonome et moins dépendante est salutaire.

afall@lequotidien.sn