Médias : Dans les coulisses de la série «Wara», thriller politique de TV5 Monde

La série «Wara» vient de débarquer dans le catalogue de TV5 Monde Afrique. Un thriller socio-politique sur fond de révolte étudiante, de grogne sociale et de lutte féministe servi par des auteurs et un casting panafricain.
C’est sur sa plateforme de service de vidéo à la demande que la chaîne internationale TV5 Monde a choisi de diffuser son nouveau thriller politico-social africain. Wara – qui signifie «fauves» en langue bambara – est une série produite par le Niger (MJP Productions), le Sénégal (Ong Raes) et la France (Astharté & Compagnie) comprenant huit épisodes de 45 minutes.
Elle suit les aventures de Moutari Warra – interprété par Issaka Sawadogo –, un exilé politique et enseignant en droit qui, de retour à Tanasanga, sa ville natale fictive d’Afrique subsaharienne, s’engage – sous l’impulsion d’Aïcha Diallo, son étudiante féministe et militante – dans un combat pour les municipales.
Créée par Charli Beleteau, la fiction est inspirée d’un autre programme diffusé par TV5 Monde Afrique en 2012 et 2013 : Bruit de tambours, une série réalisée par le Nigérien, Magagi Issoufou Sani, auteur et réalisateur décédé en août. Ce dernier avait commencé à collaborer avec la chaîne en 2007, avec sa série Fada, diffusée pendant trois années consécutives.
Corruption et droits des femmes
«Les séries de ce jeune auteur évoquaient et interrogeaient diverses problématiques de société comme la question des pratiques traditionnelles, le code de la famille, les violences faites aux femmes, la conscientisation socio-politique de la jeunesse, etc. Nous avions les prémices de Wara», souligne Sandra Basset, responsable adjointe du pôle Afrique à la direction des programmes et responsable des séries africaines chez TV5 Monde Afrique. Dans Wara, on retrouve en effet des thèmes tels que les mouvements étudiants, la corruption, le clientélisme politique, le droit des femmes, l’environnement…
«Quand Charli Beleteau a découvert la dernière série de Magagi, il lui a proposé de travailler sur une suite pour laquelle plus de moyens seraient mobilisés. Aussi, d’un point de vue scénaristique, il y a eu, pendant un an, tout un travail d’écriture de la part d’auteurs originaires du Cameroun, du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal», explique le Franco-Malien, Toumani Sangaré, co-réalisateur de Wara avec le Franco-Sénégalais, Oumar Diack, son acolyte du collectif Kourtrajmé.
«Charli a fait appel à moi en me demandant de trouver un binôme. La production avait dans l’idée de tourner avec deux équipes de façon simultanée pour les actions qui se déroulent à différentes époques mais au même endroit», poursuit-il.
Wara voit se confronter deux générations de militants socio-politiques. «Aïcha est la jeune lionne qui bouscule Moutari, le vieux lion endormi mais qui peut se réveiller à tout moment. L’esprit, la combativité et la force des fauves étaient des traits de caractère que les scénaristes voulaient voir transparaître chez les deux personnages», précise encore Toumani Sangaré.
Mais là où Wara se distingue véritablement, c’est dans la myriade de personnages que, généralement, on voit peu dans les fictions africaines : bloggeuses engagées, marchandes prêtes à en découdre avec les autorités pour défendre leur lieu de travail, étudiants qui manifestent pour obtenir leurs bourses, etc. «Ces situations ou faits d’actualité sont communs à tous les pays africains. Raison pour laquelle le pôle d’auteurs et le casting sont panafricains. L’idée est de rendre visible ce qui est invisible, de donner une image noble et réaliste de ce qui se joue dans nos sociétés africaines sans tomber dans le misérabilisme», reprend Toumani Sangaré.
Tournage au Sénégal
Si Tanasanga n’existe pas et que le pays dans lequel se déroule la série n’est jamais nommé, le tournage, qui a duré sept semaines en 2019, s’est déroulé au Sénégal, et plus particulièrement à Saint-Louis où l’université Gaston Berger a notamment servi de décor.
Jeune Afrique