Médias et voix de la migration en Suisse : L’importance du traitement de l’information varie en fonction des chiffres

Réalisé par Pape Moussa DIALLO depuis Berne (Suisse) –
Le débat sur la migration se pose à Berne (Suisse) en vue des élections fédérales d’octobre prochain. Entre la Droite qui milite en faveur du durcissement, pour ne pas dire de mesures restrictives plus sévères de la migration, et une Gauche plus modérée avec une approche souple, se trouve la partie de l’économie qui n’est ni de Droite ni de Gauche. Quoique cette partie soit plus proche de la Droite que de la Gauche. Ce ballottage, imposé par les politiques, ne manque pas d’impacter le traitement de l’information en Suisse comme partout ailleurs. A cet effet, dira Charlotte Walser, journaliste dans un quotidien Suisse Alémanique, le regard que l’organe de presse a sur la migration ou sa gouvernance «dépend de sa position». Et, d’ajouter : «Il y a des journaux de Droite comme il y’en a de Gauche.» De sorte que chaque organe est une locomotive pour un courant politique et/ou une idéologie politique de Droite ou de Gauche. Par contre, pour ce qui est de l’Afrique, «on doit dire qu’on ne connaît pas beaucoup de sa situation» pour en parler, renchérit Madame Charlotte.
Aussi, tout comme au Sénégal où la migration ne refait surface que lorsqu’il y a des drames en mer, en Suisse, on ne traite de la migration dans les médias que selon les années et en fonction des arrivées des réfugiés et des demandeurs d’asile. «C’est un grand sujet lorsque les chiffres augmentent», informe notre interlocutrice, qui fait remarquer en outre que la question migratoire a été beaucoup thématisée dans les médias lorsque le ministère en charge de la Migration avait demandé au Parlement de lui rajouter un crédit pour l’acquisition de conteneurs à usage d’habitation. Ce, dans le but de prévenir le rush des réfugiés. «Le Parlement avait opposé un niet catégorique à ce crédit d’urgence», rappelle Charlotte. Revenant sur la formation des journalistes et leur capacité à traiter de l’information en lien avec la migration, elle dira que «les journalistes ne sont pas spécialement formés pour traiter de la question migratoire. Ils ont plutôt fait l’école de journalisme pour apprendre le métier après leurs études universitaires».
Toutefois convient-elle que le journaliste ne doit pas se limiter à un traitement simpliste de la thématique migratoire. Il doit, selon Charlotte, «creuser en profondeur pour aider à la bonne prise de décision, tout en restant équidistant». Par ailleurs, d’après les informations rendues publiques par le Secrétaire d’Etat aux migrations (Sem), la Suisse a enregistré au mois de juin 2023, 2395 demandes d’asile. Soit 350 de plus que le mois précédent, soit +17,1%. Toujours, renseigne le Sem, en comparaison au mois de juin 2022, ce nombre est en hausse de 669 unités. Principalement, les requérants venaient de pays que sont la Turquie et l’Afghanistan. Le statut de protection S a été accordé à 1271 personnes ayant fui l’Ukraine et a pris fin dans 1029 cas. Au courant du même mois de juin, renseigne le Secrétariat d’Etat aux migrations, 2045 demandes d’asile ont été traitées. Parmi ce nombre, 625 ont abouti à une décision de non-entrée en matière dont 539 sur la base de l’accord de Dublin, 443 à l’octroi de l’asile et 523 à une admission provisoire en première instance. Le nombre de cas en suspens en première instance s’élève à 12 387, soit 491 de plus que le mois précédent. 1496 personnes ont quitté la Suisse au mois de juin sous le contrôle des autorités ou ont été renvoyées dans leur Etat de provenance ou un Etat tiers. La Suisse a également demandé à d’autres Etats Dublin de prendre en charge 991 requérants. Dans le même temps, 137 personnes ont été transférées vers l’Etat Dublin responsable du traitement de leur demande d’asile. En retour, la Suisse a reçu 376 demandes de prise en charge émanant d’autres Etats Dublin, et 49 personnes ont été transférées sur son territoire.