Les partenaires techniques et financiers alertent sur la soutenabilité de l’initiative «Yeksi naa». Le financement, jusque-là assuré par les partenaires, prend fin en juillet et la rallonge obtenu du Fonds mondial devrait prendre aussi fin en décembre. La représentante-résidente de l’Oms, qui a attiré l’attention du ministre de la Santé et de l’action sociale sur les difficultés de ce programme, a en outre appelé l’Etat à anticiper la transition de «Yeksi naa» sur le plan du financement pour pérenniser cette «importante» initiative.

La disponibilité et l’accessibilité des médicaments, notamment des produits d’importance vitale, posent encore de sérieux problèmes au système de santé. Et cela, malgré l’initiative Yeksi naa qui promet la disponibilité du médicament dans tout le pays. L’alerte est donnée par la représentante-résidente de l’Oms à la réunion technique du Comité national sur le schéma de distribution des médicaments et produits essentiels Yeksi naa. Dr Imboua Niava Lucile, représentant les partenaires financiers et techniques qui appuient Yeksi naa, soutient que la chaîne d’approvisionnement rencontre beaucoup de difficultés. Mme Imboua, qui espère une amélioration de la disponibilité des produits d’importance vitale, souligne les ruptures de stocks notées dans des produits comme les Arv, qui «fragilisent le système de soin, insécurisent le patient et inquiètent les populations».
La représentante de l’Oms, qui «fonde beaucoup d’espoir sur cette rencontre», a aussi interpellé le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sur la soutenabilité de l’initiative Yeksi naa. «La présente réunion devrait permettre enfin d’obtenir une vision claire sur la soutenabilité du modèle Yeksi naa dont la générosité jusqu’au dernier kilomètre a un prix et dont la prise en charge connaît actuellement des difficultés», soutient-elle.
Le programme Yeksi naa est certes une trouvaille sénégalaise comme le rappelle souvent le ministre, mais il est financé par des partenaires et ce financement prend fin en juillet de cette année. Selon Mme Imboua, une rallonge de financement a été obtenue du Fonds mondial, mais celle-ci va prendre fin en décembre. Donc, déclare Mme Imboua, «il est impératif que l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de la Santé, anticipe une éventuelle reprise qui se profile à l’horizon par un financement domestique au risque que ce programme connaisse une crise», prévient-elle. Pour­sui­vant son propos, elle ajoute que «la forte dépendance du financement externe n’est pas en faveur de la durabilité de ce modèle de distribution du médicament Yeksi naa».
Abdoulaye Diouf Sarr, sans dire comment ni quand la transition va se faire, s’est limité à dire au chef de file des partenaires qu’il «n’y aura pas de crise». Tout en reconnaissant le défi de la pérennisation de Yeksi naa, il soutient que l’Etat est prêt à tout faire pour sauvegarder l’initiative qui, selon lui, n’est pas un mécanisme des partenaires, mais celui de l’Etat.
Imboua Niava Lucile, tout en réaffirmant «l’esprit constructif» qui anime les partenaires financiers dans ce programme, a rappelé leurs contributions en termes d’appuis technique et financier. Et pour cela, elle a réclamé le partage des données avec la Pna et les toutes parties prenantes. Pour elle, cela est indispensable. Car «les partenaires ont noté des difficultés dans ce domaine, qui peuvent entraver l’obligation des partenaires de rendre compte et aussi le plaidoyer pour une mobilisation accrue des ressources afin de mieux soutenir la chaîne d’approvisionnement pour laquelle tous les partenaires œuvrent».
Yeksi naa est un mécanisme qui permet aux populations de recevoir le médicament au niveau des points de service. Et en dépit de tout ce qui a été dit, Abdoulaye Diouf Sarr a jugé bonne l’initiative en brandissant le taux de disponibilité des produits de la planification estimé, selon lui, à 91%, celui de la lutte contre le paludisme à 90% avec un taux de couverture nationale de 95%. En attendant les conclusions de cette réunion, le ministre de la Santé a tout de même demandé aux chefs de district, chefs de région de s’approprier le modèle Yeksi naa, mais aussi il a appelé à corriger le décollage financier. C’est-à-dire faire en sorte que la remontée en termes de recouvrement se fasse de la manière la plus rapide pour éviter que le système ne s’essouffle au plan financier.
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