Malgré 18 mois à la tête du gouvernement, le président de Pastef n’a pas changé : il a multiplié les charges sur la Justice et l’ancien régime, coupables de tous les maux du Sénégal. Mais, Ousmane Sonko a rajouté un autre chapitre à son discours : il a attaqué certains alliés, notamment Abdourahmane Diouf et Mimi Touré, en dénonçant des manœuvres pour déstabiliser le régime. Sonko, tel que lui-même, avec toujours les mots qui rappellent l’opposant d’hier.Par Justin GOMIS –

 On ne s’est pas si c’est le président de Pastef ou le Premier ministre qui a enfiévré ses militants ce samedi. Très attendu par les Sénégalais pour ce meeting organisé dans un contexte économique éprouvant, Ous-mane Sonko s’est livré à un show en mondovision. Il y avait du tout : règlement de comptes, mises en garde… Il y a d’abord ses relations supposées heurtées avec le chef de l’Etat. Ousmane Sonko assure qu’l n’y a pas de nuages, même s’il n’écarte pas aucune possibilité. «Il y a certains qui pensent que ma relation avec le Président Bassirou Diomaye Faye va se détériorer. En tout cas, tout peut arriver dans la vie ! Sachez que ce qui mettra fin à notre relation ne viendra pas de moi. Et, j’ai l’espoir que cela ne viendra pas non plus du Président Bassirou Diomaye Faye», assure-t-il lors du Tera-meeting organisé par Pastef.

Après, c’est le fonctionnement du gouvernement et les relations avec certains alliés. Sans les citer, les allusions sont suffisamment claires pour dessiner les visages de Mme Mimi Touré et de M. Abdourahmane Diouf. D’après lui, si ce dernier a été retiré du ministère de l’Enseignement supérieur, c’est à cause de sérieux soupçons qui pèsent sur sa gestion de ce département. «Des cas de surfacturation ont été découverts dans un ministère. J’ai donc demandé au président de la République, Bassirou Dioma-ye Faye, de muter le responsable concerné dans un autre département, en attendant que toute la lumière soit faite sur cette affaire», révèle Sonko. Le Premier ministre ne s’en est pas arrêté à cette première accusation. A l’en croire, il y a aussi un autre allié épinglé par un rapport de l’Ige (Inspection générale d’Etat) pour 2 milliards de francs. Il remet ainsi en cause la sincérité de certains alliés du pouvoir : «un allié qui cherche à manipuler pour séparer Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye n’a rien à faire dans le gouvernement. Il n’est pas un allié sincère», a-t-il martelé, faisant allusion au ministre de l’Environnement, présentement au Brésil pour la Cop30.

«Sachez que ce qui mettra fin à notre relation ne viendra pas de moi…»
Quid de l’opposition ? «C’est une opposition de fuyards. Certains  sont en France, d’autres aux Etats-Unis, d’autres au Maroc et en Arabie Saoudite», dit-il. Faisant allusion à l’ancien Président Macky Sall, il lui demande de revenir chez lui. «On s’est battus ici. Qu’il rentre ! Il n’a rien à faire au Maroc. Les Sénégalais, les Fatickois ont sa nostalgie», ironise-t-il. Revenant sur la dette cachée, Ousmane Sonko pense que les supposés responsables doivent être traduits devant la Justice. Il demande même la dissolution de l’Alliance pour la République (Apr), qu’il à assimile à un conglomérat de criminels et prévaricateurs de deniers, assurant que Macky Sall leur a laissé un lourd héritage qui a mis le pays au bord de l’asphyxie financière, avec une dette réévaluée à plus de 130% du Pib. Face à cette situation, le président de Pastef assure que le gouvernement a consenti des efforts pour corriger la mauvaise gestion du régime précédent, en mettant l’accent sur la taxation de services qui n’ont pas un impact direct sur la vie des Sénégalais, comme les jeux de hasard, le tabac et les boissons alcoolisées.

Sur la question de la redevabilité et de la Justice, le leader de Pastef a accédé à la demande de milliers de militants qui réclament l’accélération des enquêtes relatives au dossier des évènements politiques de 2021-2024 ayant causé la mort de  plus de 80 personnes.

Il a encore insisté sur les «défaillances et manquements» de la Justice au Sénégal. Selon Ousmane Sonko, «le système est toujours là».

«Tous ceux qui ont commis des actes de prévarication ou qui sont mêlés à ces événements «meurtriers» entre 2021 et 2024 vont rendre compte. Et si la Justice n’est pas rendue, que les Sénégalais ne se fatiguent plus. Que personne ne s’acquitte de ses devoirs fiscaux pour le Pres», a déclaré le Premier ministre.
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