MEKNÈS – Siam 2024 : L’agriculture face au changement climatique
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La nécessité d’avoir une agriculture performante pouvant faire face aux défis que le changement climatique impose à l’Afrique rythme la plupart des débats au Siam 2024. La souveraineté alimentaire est à l’épreuve des aléas climatiques.Par Serigne Saliou Diagne (Envoyé spécial à Meknès) –
Le Salon international de l’agriculture du Maroc (Siam) se tient depuis ce lundi 22 avril sous le thème : «Climat et agriculture : pour des systèmes de production durables et résilients.» La seizième édition de ce salon agricole qui, dans sa deuxième décennie, se positionne comme l’un des rendez-vous majeurs des agriculteurs, des entreprises agro-industrielles et acteurs du développement rural en Afrique, fait de la question du changement climatique l’équation majeure pour permettre d’avoir une agriculture viable. Le défi de la souveraineté alimentaire étant partagé partout en Afrique, le changement climatique, qui ne fait aucune concession aux pays (désertification, raréfaction de l’eau, érosion des sols…), impose la meilleure adaptation dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage. Une agriculture durable, résiliente et innovante est à promouvoir, mais encore faudrait-il que les aléas climatiques soient bien maîtrisés.
Délégation sénégalaise
La cérémonie d’ouverture du Siam 2024 a été présidée par Son Altesse Royale le Prince Moulay El Hassan, avec comme invitée d’honneur l’Espagne, forte d’une délégation de trente-sept entreprises évoluant dans des secteurs aussi diversifiés que l’innovation agricole, la gestion de l’eau, l’utilisation d’énergies renouvelables ou l’aviculture. D’importantes délégations de pays connus pour leur potentiel agricole en Afrique et ailleurs sont présentes au Siam, avec également une présence remarquée de plusieurs institutions et organisations intervenant dans les filières agricoles en Afrique. Le changement de régime aura raison du stand du Sénégal cette année. Bien qu’il y ait des officiels présents, les exposants de notre pays semblent naviguer à vue sans accompagnement sur place des différentes directions. C’est le temps des passations et du passage de témoins, il y a donc beaucoup à faire à la maison !
La Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine, Mme Josefa Leonel Correia Sacko, a pris part, dans la foulée au démarrage du Siam, à une conférence sous le thème : «Financements innovants pour accélérer l’Adaptation de l’agriculture africaine (Aaa) au climat», lors de laquelle elle a souligné l’importance de solutions innovantes pour renforcer l’action climatique en Afrique. Sur la question de l’adaptation de l’agriculture en Afrique au changement climatique, on estime qu’environ 580 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030 pour que le continent adresse de façon efficiente les défis climatiques.
Dans cette ambition, un retard à l’allumage se pose, notamment avec des ressources insuffisantes pour l’heure. Il est souligné que l’Afrique n’a reçu dans sa stratégie d’adaptation de l’agriculture aux urgences climatiques qu’un peu plus de 11 milliards de dollars annuellement pour ces mesures en 2019 et 2020, avant que le choc du Covid-19 ne freine cette dynamique. De ce qui ressort des échanges des nations africaines sur la démarche à avoir dans le financement d’une agriculture performante face aux défis climatiques, un engagement à travailler collectivement s’impose à tous. Les démarches unilatérales peuvent desservir quand les préoccupations sont communes et les conséquences néfastes ressenties par tous.
Un pari est donc fait sur la digitalisation pour toute l’Afrique. Cette injonction à une agriculture digitalisée, autant les exposants que les pouvoirs publics et acteurs des secteurs de l’agriculture et de l’élevage en font une préoccupation commune. Un pôle «Agri-digital» est érigé pour cette seizième édition du Siam, afin de montrer le rôle important des technologies numériques pour une agriculture plus performante et plus résiliente, et une meilleure valorisation des produits de nos terroirs.
Un groupe comme l’Office chérifien du phosphate (Ocp) utilise la tribune du Siam pour mettre en valeur différents dispositifs mis en place un peu partout en Afrique en vue de promouvoir une agriculture innovante et performante, faisant de l’adaptation au changement climatique une variable déterminante de la stratégie d’actions.
Les organisateurs du Siam annoncent pour cette année une participation de 70 pays et la présence de 1500 exposants. L’affluence est au rendez-vous avec près de 950 mille visiteurs à ce salon agricole. C’est une aubaine qu’un rendez-vous en Afrique qui adresse des questions essentielles pour le continent se développe année après année. Ce serait un vœu agréé qu’un tel événement fasse tache d’huile, notamment dans notre sous-région ouest-africaine.
saliou.diagne@lequotidien.sn