Le monde du cinéma perd un pionnier : Melvin Van Peebles vient de mourir à l’âge de 89 ans, à son domicile à New York. Cet artiste multi-facette, réalisateur mais aussi chanteur et écrivain, a permis d’ouvrir la porte à une génération de réalisateurs noirs dans les années 1970, avec le style de la «Blaxploitation».

Melvin Van Peebles était surnommé «le parrain du cinéma noir». Cet avant-gardiste formé en France dans les années 1960, proche de l’équipe de l’hebdomadaire satirique français Hara Kiri, est l’un des premiers cinéastes afro-américains à travailler pour un studio. Il signe en 1970 pour Columbia Watermelon Man. Cette relecture comique et politique de La Métamorphose de Kafka montre un homme blanc profondément raciste qui se réveille un jour noir. Mais le film qui fait date est Sweet Sweetback’s Baadasssss Song : Melvin Van Peebles en écrit le scénario, le produit pour à peine 500 000 dollars, réalise, joue et compose la musique de cette histoire d’un gigolo pourchassé par la police après avoir tué un officier raciste. Sweet Sweetback’s Baadasssss Song ren­contre en 1971 un im­mense succès aux Etats-Unis : 14 millions de dollars de recettes en dépit de critiques mitigées.
Le film marque la naissance d’un courant cinématographique : la «Blaxploitation», portée par une nouvelle génération de réalisateurs noirs qui s’imposent avec des films comme Shaft encore Foxy Brown. Sans Melvin Van Peebles, il n’y aurait peut-être pas eu de Spike Lee, Ava du Vernay ou Barry Jenkins, qui saluent sur les réseaux sociaux l’œuvre d’un «géant». «Je suis tellement attristé par la disparition de mon frère Melvin Van Peebles qui a propulsé le cinéma noir indépendant sur le devant de la scène avec son film révolutionnaire Sweet Sweetback’s Baadasssss Song», a réagi sur Instagram le cinéaste Spike Lee, réalisateur de Do the Right Thing. «Merde, nous avons perdu un autre géant ! Condoléances à la famille Peebles», ajoute-t-il. Pour Barry Jenkins, réalisateur de Moonlight (Oscar du meilleur film 2017), «l’homme VIVAIT totalement». «Il tirait le meilleur de chaque seconde, de CHAQUE prise de vue et je dois le reconnaître, bien que la dernière fois que j’ai passé du temps avec lui remonte à de NOMBREUSES années, c’était une nuit pendant laquelle il a dansé jusqu’au bout de ses forces», selon le cinéaste Jenkins.
Rfi