Le Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine, qui a décidé d’accompagner le processus de transition à Ndjaména après la mort de Idriss Deby, est contre la prise du pouvoir par les militaires au Mali et menace même de «sanctions ciblées et d’autres mesures punitives».Par Mamadou SAKINE

– Mardi, le Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine (Ua) a décidé de suspendre le Mali «immédiatement» de sa participation à toutes les activités de l’Ua, ses organes et ses institutions, jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel. Elle appelle aussi le colonel Assimi Goïta et ses hommes à «urgemment et inconditionnellement retourner dans leurs casernes et à s’abstenir de toute interférence future dans le processus politique au Mali». Dans la même veine, l’Ua exige de la junte, à l’origine du «coup d’Etat» contre le Président de la transition Bah N’daw, à établir les conditions pour le retour à une transition démocratique «sans entrave, transparente et rapide». «Sans quoi, le Conseil n’hésitera pas à imposer des sanctions ciblées et d’autres mesures punitives» contre ceux qui empêchent la transition, menace l’Ua dans un communiqué. Donc les militaires maliens restent dans le viseur du Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Ua. Mais un passé récent, le Cps avait pris une décision à l’endroit d’autres militaires qui contraste avec cette fermeté utilisée contre le colonel Goïta et Cie.
Au Tchad, le Conseil de paix et de sécurité de l’Ua a opté pour la clémence. Il n’avait pris aucune sanction contre la junte qui a pris le pouvoir depuis la mort de Idriss Déby. Mais il avait même décidé d’accompagner le processus de transition à Ndjaména. Certes la prise du pouvoir par les militaires dans ces deux pays n’est pas identique. Mais le trait commun est que le Mali et le Tchad sont dirigés par la junte.
Après la mort de Déby, son fils Mahamat Idriss Déby a concentré tous les pouvoirs. Il a dissous l’Assemblée nationale et le gouvernement. Et la charte de transition lui a octroyé du coup les fonctions de président de la République, de chef de l’Etat et de chef suprême des Armées. Cette prise de pouvoir a été dénoncée par la Société civile, l’opposition, ainsi que des partis issus de la majorité présidentielle. Ils estiment que ce Conseil militaire de transition s’est octroyé les pleins pouvoirs, ce qui n’est prévu nulle part dans la Constitution révisée de décembre 2020. Ils avaient appelé au respect du processus de transition prévu dans la Constitution du Tchad sans obtenir gain de cause. Malgré tout, l’Union africaine, qui menace les militaires maliens de sanction, est restée favorable au contrôle du pouvoir de Ndjaména par Mahamat Idriss Déby et ses frères d’armes. Le Mali n’est pas le Tchad, décidément.
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