Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar a condamné, hier, Ousmane Seck dit Bouba et Maguèye Guèye, deux proches de l’homme d’affaires Cheikh Amar à 1 mois d’emprisonnement ferme. Ils ont été reconnus coupables de «menaces de mort et injures non publi­ques». A travers un appel téléphonique, les condamnés avaient proféré des menaces de mort à l’encontre de l’administrateur du site Dakaractu, Serigne Diagne. C’était à la suite d’un article intitulé «La Crei sur la piste d’une supposée rétro-commission de 12 milliards versée à Cheikh Amar», produit par nos confrères.

«Il est extrêmement grave dans ce pays que certaines personnes se croient au-dessus de la loi», dixit le procureur. Il s’adressait ainsi aux deux chauffeurs de Tse de l’homme d’affaires, Cheikh Amar, en conflit avec l’administrateur du site Dakaractu. Les deux prévenus, Ousmane Seck dit Bouba et Maguèye Guèye, ont été reconnus coupables de «me­naces de mort et injures non publiques». Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar les a condamnés à une peine de 6 mois de prison dont 1 mois ferme. Et les deux proches de Cheikh Amar doivent dans le même temps allouer le franc symbolique au plaignant. En effet, Serigne Diagne avait porté plainte à la suite d’un appel téléphonique qu’il a reçu et dans lequel des menaces de mort ont été proférées à son encontre. Au bout du fil, les trois individus, à savoir les deux prévenus et un certain Modou Momar Amar, en cavale, ont eu le culot même de décliner leur identité. «Si vous ne laissez pas Cheikh Amar, on va vous tuer», entend-on dans l’enregistrement sonore présenté à la barre comme preuve.
Le journaliste a été insulté de mère lors de la conversation qu’il a pris le soin d’enregistrer devant le témoin Daouda Thiam. Les réquisitions de la Sonatel révèlent que les appels ont été émis depuis le secteur Ngor-Almadies. Et que le titulaire du numéro émetteur de l’appel est Modou Momar Amar en fuite.
Hier à la barre, les deux prévenus ont nié en bloc toute implication dans cette affaire. Selon eux, ils ne sont pas les auteurs de cette sale besogne contre un journaliste. A l’enquête préliminaire, ils auraient même tenté de nier leur relation avec le fugitif avant que le numéro téléphonique de celui-ci ne soit retrouvé dans leurs appareils respectifs.
Dans son réquisitoire, le maître des poursuites a indiqué que les faits reprochés aux employés de Tse sont «constants». Il a requis 3 mois d’emprisonnement ferme contre les mis en cause.
Dans un procès tendu entre les avocats des deux parties, ceux de la partie civile ont fait comprendre au Tribunal que «la matérialité des faits ne pose aucun problème. Leurs dénégations ont été trahies par des éléments de preuve, car le numéro émetteur de l’appel incriminé a été répertorié dans leurs téléphones respectifs», soutiennent-ils. Pour Me Ousseynou Gaye, au lieu que Cheikh Amar édifie les Sénégalais sur l’affaire des 12 milliards de francs Cfa évoqués par le site Dakaractu, «on prend des nervis pour déranger la quiétude de son client».
En réponse, Me Aboubacry Barro de la défense a dès l’entame de sa plaidoirie demandé aux juges «d’écarter ce fameux enregistrement comme preuve». Pour lui et ses confrères Mes El Hadji Diouf, Ciré Clédor Ly, Abdourahmane So dit Lénine, «l’enregistrement n’est pas un élément de preuve recevable, légal». Ils ont plaidé la relaxe pure et simple de leurs clients.
Tout est parti de l’article du site Dakaractu intitulé «La Crei sur la piste d’une supposée rétro-commission de 12 mil­liards versée à Cheikh Amar».
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