Les mendiants du Baol ne perdent plus de temps. Leur lieu de prédilection ? Les services à la rencontre des salariés.

C’est une région qui ploie sous le poids de la pauvreté. Face à la tarification des sites habituels de donation habituelle, les mendiants échafaudent une nouvelle stratégie pour récolter assez de sous. Trouvé à l’entrée d’un service de la place, un talibé confie qu’il sillonne un bon nombre de bureaux durant la journée pour avoir de l’aumône. «Dans les bureaux, on te donne de l’argent dès que tu arrives. Les personnes que nous trouvons sur les lieux sont très gentilles. Elles nous remettent des 100 F, 200 F ou même 300 F, nous avons plus d’argent en demandant de l’aumône dans les bureaux», a-t-il dit. En écho, un autre renchérit : «Le fait de sillonner les services est plus bénéfique pour nous que de rester dans la rue. Car, nous sommes obligés de ramener de l’argent à notre maître coranique et c’est impossible de réunir une somme consistante en restant dans la rue ou d’entrer dans les maisons.»
Quant aux handicapés visuels, ils n’ont pas renoncé à leurs bonnes vieilles habitudes. L’essentiel est d’amener quelque chose à la maison. Pour cette jeune dame non-voyante accompagnée d’une petite fille, sillonner les rues ou envahir les bureaux pour avoir de l’argent afin de pouvoir se prendre en charge n’a aucune différence. «Nous ne faisons pas la différence entre les bureaux et les rues, tout ce qu’on nous donne, on le prend», a-t-elle déclaré. Une vision que ne partage pas sa camarade qui n’approuve pas cette manière de mendier. «C’est inadmissible ! Parce qu’on va déranger les gens. Tu peux rester sur place là où tu as l’habitude de t’installer pour demander de l’aumône comme je le fais actuellement tout en ayant la chance de voir les gens venir te donner de l’argent. Mais entrer dans les bureaux franchement ce n’est pas normal. Ce n’est pas du tout normal», a-t-il signalé.

«Plus de 900 cartes d’égalité des chances distribuées aux
handicapés»
Pourquoi les handicapés visuels persistent dans la mendicité alors qu’ils devraient bénéficier d’une assistance sociale de la part de l’Etat ? Au service de l’Action sociale de Diourbel, l’on rappelle qu’un nombre important de cartes d’égalité des chances est destiné aux handicapés visuels. De sources sûres, la distribution de plus de 900 cartes d’égalité des chances aux personnes souffrant de handicap toutes formes confondues a été faite. Sans compter, a poursuivi notre interlocuteur, ces handicapés ont aussi bénéficié des bourses familiales et de l’enrôlement dans les postes de santé. «On peut dire que s’ils mendient encore c’est simplement par vice, ils ont l’habitude de mendier. C’est impossible de les obliger à arrêter la mendicité», a déploré un interlocuteur. «Il y a un handicapé visuel qui est au coin d’un institut de la localité, il bénéficie d’une bourse de sécurité familiale et de l’enrôlement dans une mutuelle de santé mais chaque jour il est là-bas en train de mendier. Donc c’est une volonté», a-t-il murmuré.
En tous les cas, la mendicité dans les bureaux prend de l’ampleur dans la commune de Diourbel. Quels moyens pour juguler le phénomène ?