Plus qu’une légende de la musique, Youssou Ndour est un visionnaire, celui dont l’œil fixe et grand voit tout. Bien des thématiques ont été explorées par l’enfant de la Medina, de l’épopée de nos rois (Birima, Walo, etc.) à la célébration de la femme (Djiguen) en passant par la situation des paysans (Baay kat) et le sort réservé à la petite enfance (Gorgui).

Aujourd’hui, son chant conforte l’idée de Danton selon laquelle «le Peuple a besoin plus d’éducation que de pain», mais surtout, nous réconforte après que nous avons consenti moult sacrifices pour la Nation, en nous rendant hommage comme pour dire, pour parler comme Eluard, que l’enseignant est une «cathédrale». Dans un morceau  loin d’être un coup d’essai mais un coup de maître, puisque Youssou est le roi du mbalax, au-delà de la famille enseignante, sublime toute une Nation à laquelle il a tout donné. Mais aussi, il lance un message au Peuple et aux autorités pour que l’enseignant reste un homme utile, un mécène, un philanthrope, un éveilleur et directeur de conscience, un héraut et héros, un forgeur d’âmes, un être sans qui «le monde s’effondre» (Chinua Achebe).

Au vu de toutes ces qualités que l’enseignant recèle en son âme, du rôle prépondérant qu’il joue dans la cité et de son génie, Youssou Ndour a conçu et su rendre cette belle parole, ce mot magique qu’est «merci», pour d’une part exprimer sa profonde gratitude à ceux qui l’ont façonné ainsi que bien des talents de ce pays, et d’autre part pour écrire en lettres d’or et d’ambre l’épopée de l’enseignant.

Je ne saurais lire le morceau, ses sons, signes et sens, sans rendre un hommage à mes enseignants de l’élémentaire Adiouma Dione, devenu un voisin et membre de ma famille, Kaba Diakhaté, feu Cheikh  Niang, feu  mon cousin, feu Ibra Ndiaye,  Tidiane Niang, Mme Mara. Mais, je n’oublierai pas mes professeurs du collège et du lycée : Moustapha Sow, Ndiawar Wade, Beuleup Touré, Mayade Fall, feu Gérôme Ndour, M. Faty (Niamo), etc. La liste de ces héros qui ont fait des héros est loin d’être exhaustive. Que tous mes Maîtres omis sachent que leurs noms s’incrustent dans la racine des noms cités et dans mon cœur.

Félix MBOUP