Le message de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, prévue ce jeudi, est de lutter contre les inégalités qui perpétuent la pandémie du Sida.Par Justin GOMIS –

Ce 1er décembre, il sera célébré la Journée mondiale de lutte contre le Sida. «Les inégalités qui perpétuent la pandémie du Sida ne sont pas une fatalité. Nous pouvons y remédier», note l’Onusida qui invite, à l’occasion de cette journée, «chacune et chacun d’entre nous à lutter contre les inégalités qui freinent les progrès pour mettre fin au Sida». Que faire ? «Le slogan «Egalité maintenant» nous enjoint à agir. Il nous incite toutes et tous à œuvrer en faveur des actions concrètes qui ont fait leurs preuves et qui sont nécessaires pour lutter contre les inégalités et aider à mettre fin au Sida», explique l’Onusida dans son message. Comment y arriver ? «Il s’agit, entre autres, de renforcer la disponibilité, la qualité et la conformité des services de traitement, de dépistage et de prévention du Vih, afin que tout le monde y ait accès correctement, réformer les lois, les politiques et les pratiques pour lutter contre la stigmatisation et l’exclusion auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le Vih et les populations-clés et marginalisées, afin que chaque individu soit respecté et accueilli.» Sans oublier d’assurer «le partage des technologies entre les communautés et entre le Sud et le Nord pour permettre l’égalité d’accès aux meilleures découvertes scientifiques concernant le Vih».

Pour l’organisme onusien, «les communautés pourront utiliser et adapter le message «Egalité maintenant» afin de mettre en évidence les inégalités particulières auxquelles elles sont confrontées et encourager les actions nécessaires pour y remédier». Selon les données de l’Onusida sur la riposte mondiale au Vih, il y a un ralentissement des progrès de la lutte contre la pandémie de Vih et «une réduction des ressources disponibles au cours des deux dernières années marquées par le Covid-19 et d’autres crises mondiales. Ce recul met des millions de vies en danger». «Quatre décennies après le début de la riposte au Vih, les inégalités persistent au niveau des services les plus élémentaires tels que le dépistage, le traitement et les préservatifs, et encore plus pour les nouvelles technologies», regrette l’Onusida.

Malheureusement, l’Afrique reste le continent le plus affecté par les infections liées au Sida : «En Afrique, les jeunes femmes restent touchées de manière disproportionnée par le Vih, tandis que la couverture des programmes spécifiques reste trop faible. Dans 19 pays africains fortement touchés par l’épidémie, les programmes de prévention combinée dédiés aux adolescentes et aux jeunes femmes sont mis en œuvre dans seulement 40 % des zones à incidence élevée du Vih», rappelle l’Onusida. Il faut noter qu’il y a un ralentissement des progrès en matière de réduction des nouvelles infections au Vih, d’amélioration de l’accès au traitement et d’élimination de la mortalité liée à des maladies opportunistes. Selon les données les plus récentes sur le Vih pour 2021, il y a 1,5 million de nouvelles infections, 38,4 millions de Pvvih et 650 mille personnes décédées d’une maladie opportuniste liée au Sida en 2021.

Pour le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), il est «nécessaire de pousser pour l’égalité afin que les concepts se traduisent en stratégie pour réduire les gaps, corriger les inégalités qui sont à la fois une cause et une conséquence du ralentissement des progrès dans la lutte contre le Sida. Une situation qui exacerbe les difficultés des personnes les plus vulnérables».
Il faut savoir que cette question a été au cœur de la 3e édition des Journées scientifiques Sida au Sénégal, qui avait pour thème : «Mettre fin aux inégalités, mettre fin au Sida, mettre fin aux pandémies», tenue il y a moins d’un mois. «Au Sénégal, en dépit de résultats satisfaisants dans la riposte au Vih, des défis persistent. Il s’agit en effet de combler le retard, entre autres, dans la prise en charge adéquate des enfants vivant avec le Vih, dans l’élimination de la transmission du Vih de la mère à l’enfant, dans l’accès aux soins des personnes marginalisées», assure le Cnls. Il faut savoir que l’ambition d’éradiquer le Sida à l’horizon 2030 au Sénégal pourrait être compromise à cause du taux de prévalence encore élevé chez les «Msm» et les travailleuses du sexe, respectivement de 27,6% et de 5,6%. Pour l’atteinte des objectifs, les interventions doivent être orientées vers ces populations.

En dépit de ces défis à relever, les chiffres sont bien sûr plus qu’encourageants. Partout à travers le monde, le Sénégal est cité en exemple avec un taux de prévalence du Vih/Sida très faible, de l’ordre de 0,3%. «A ce jour, au Sénégal, 72% des Pvvih connaissent leur statut sérologique contre 35% pour les enfants ; 87% des Pvvih qui connaissent leur statut sérologique sont sous traitement Arv contre 31% pour les enfants, 79% des patients sous traitement Arv ont une charge virale indétectable contre 17% pour les enfants.»
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