Message de Chérif Mouhammad Ali Aïdara, Guide de la Communauté Chiite Mozdahir à l’occasion de la Tamxarit (Achoura)

Au nom d’Allah Le Miséricordieux par Essence et par Excellence. Paix et Salut éternels sur Son Messager Mouhammad et les membres de sa sainte famille purifiée héritiers du Message.
Tamxarit (Achoura) marque le dixième jour du premier mois de l’année musulmane officielle, Mouharram. C’est une date mémorable dans l’histoire de l’Islam. Cette célébration est considérée par certains comme marquant la fin d’année musulmane ! Seulement, je considère que pour célébrer une fin d’année, le meilleur moment, c’est le jour de l’an, qui est le premier jour de l’année, ou alors la veille, qui est la première nuit de l’année. C’est d’ailleurs ce qui se fait dans toutes les civilisations du monde. Il n’y a pas de raison d’attendre le dixième jour pour le faire.
Achoura est le jour du massacre inimaginable, inouï et inhumain, le massacre de petit-fils bien aimé du Prophète Abou Abdallah Al Houssein (psl), la captivité de toutes les femmes et les filles de cette sainte famille dans les pires conditions, qui ont été traitées comme des esclaves. Si Ali Zeynoul Abidine (psl), son fils et des enfants de son frère, l’imam Hassan (psl), n’avait pas échappé à cette boucherie, peut-être la famille du Prophète (paix et salut sur elle) serait exterminée. Ce génocide a été perpétré sous les ordres du calife omeyyade Yazid fils de Mouawiya qui, à cette occasion, fit la déclaration suivante : «Ah si les chefs de ma f’amille qui sont morts à Badr avaient pu voir comment j’ai massacré les enfants et les compagnons de Mouhammad, ils m’auraient rémunéré et m’auraient dit : – Yazid, pourvu qu’il n’arrive jamais rien à ta main, car elle a tué Hussein (psl). Je n’aurais jamais été digne si je ne les avais vengés. Il n’y a plus rien qui rappelle la prophétie. Rien n’est venu du ciel, ni d’Allah.»
Ces propos illustrent parfaitement les sentiments de Yazid et des usurparteurs du califat, et démontrent de manière on ne peut plus claire qu’en massacrant l’Imam Al Hussein (psl), les membres de la famille du Prophète (pslf) et ses pieux compagnons, il était convaincu d’avoir anéanti l’Islam originel et d’avoir enfin réussi ce que son grand-père Abou Sofiane, son père Muawiya et tous les Omeyyades ont toujours cherché obstinément à réaliser. C’est la raison pour laquelle il décréta Achoura jour de fête, célébrant la victoire de la famille omeyyade sur la famille du Prophète (pslf) et s’attela, lui et ses successeurs, à tout mettre en œuvre pour justifier aux yeux de la Oumma la nécessité de commémorer cet événement dans la joie et l’allégresse, et même lui donner une portée cultuelle. Pour ce faire, ils mirent à contribution tous les savants courtisans et corrompus pour fabriquer des faux hadiths attribués au Prophète (psl) pour accorder un caractère saint à cette «fête». Ces derniers vont pousser leur cynisme à l’extrême jusqu’à inventer des «pratiques pieuses», comme le jeûne à accomplir ce jour.
Le sixième Imam, Jafar Sadiq (psl), nous dit clairement que «c’est le jour où fut tué Al Hussein (psl), si tu t’en réjouis eh bien, jeûne ! La famille omeyyade (Dieu les maudisse) et les gens de Syrie qui les ont aidés à tuer Al Hussein (psl) avaient fait le serment de faire de ce jour un jour de fête, qu’ils jeûneraient en action de grâce et au cours duquel ils réjouiraient leurs enfants si Al Hussein (psl) avait été tué et si ceux qui se sont dressés contre lui revenaient sains et saufs, et le califat revenait à la famille de Abou Sofiane». C’est ainsi devenu une sounna de la famille de Abou Sofiane et chez leurs partisans jusqu’à ce jour. Tout le monde les a suivis et c’est pourquoi ils jeûnent, réjouissent leurs familles et leurs alliés en ce jour. L’Imam Sadiq (psl) ajouta ensuite : «On ne jeûne pas lorsqu’on est touché par le malheur mais en action de grâce lorsqu’on en est préservé. Si tu fais partie de ceux qui sont touchés par le malheur, ne le jeûne pas» : Comment alors commémorer le deuil d’Achoura ?
Le huitième Imam Ali Ridha (psl) dit : «Que ceux qui pleurent, pleurent sur quelqu’un comme al Hussein (psl), car pleurer sur lui diminue les grands péchés. Lorsqu’on entrait dans Mouharram, jamais on n’entendait mon père (Moussa Kazim le 7ème) rire, il était dominé par la peine jusqu’à son dixième jour et lorsque ce jour arrivait, c’était pour lui une journée de peine et de pleurs et il disait : «C’est le jour où on a tué Al Houssein (psl).»
Celui qui suspend ses affaires le jour de Achoura (Tamxarit), Dieu comblera ses besoins en ce monde et dans l’autre monde, celui pour qui le jour de Achoura est jour de peine, de malheur et de pleurs, Dieu fera du jour de la résurrection pour lui un jour de joie et de plaisir et ses yeux seront réjouis en nous voyant au paradis. Qui nommera Achoura jour de bénédiction et emmagasinera quoi que ce soit chez lui ne verra aucune bénédiction en ce qu’il aura emmagasiné. Il sera rassemblé au jour de la résurrection avec Yazid, Obeydoullah ibn Ziyad et Omar Ibn Saad, les assassins de Hussein (psl).
En vertu de toutes ces considérations, j’invite tous mes frères à faire le bon choix pour le camp des Ahloul Bayt, la famille du Prophète (paix et salut sur elle) et de désavouer leurs ennemis assassins et leurs pratiques hérétiques :
Nous refusons Tam xarit (diaboliser son ami) mais avons choisi le parti de la famille du Prophète (Taan xarit wa Ahloul Bayt ) nous invitons tout le monde et à se joindre à nous pour commémorer le deuil de Achoura.
Je présente mes condoléances au Prophète Mouhammad, aux membres de sa famille (paix et salut sur eux) en particulier notre maitre l’Imam du Temps, Al Mahdi (qu’Allah accélère sa réapparition) et à tous les croyants.
Je ne souhaite pas, pour ma part, faire partie de ceux qui, en connaissance de cause, fêtent la Tamxarit par des festins, en se gavant de couscous ou en organisant des carnavals comme si c’était pour se moquer de la famille endeuillée du Prophète, ni de ceux qui restent indifférents devant cette calamité que tous les Elus de Dieu pleurent, et en répondre demain devant Fatima Zahra Bintou Rassoul (Paix et salut sur eux).
Le premier des douze Imams, infaillibles successeurs désignés du Prophète (pslf), Ali fils de Abou Talib (psl) a dit : «En vérité, Dieu le Très Haut regarda la Terre, nous choisit et choisit pour nous des chiites (fidèles) qui se réjouissent de nos joies et s’attristent de nos peines, sacrifient leurs biens et leurs vies pour nous, ceux-là viennent de nous et retournent à nous. Tout œil pleurera au jour de la résurrection sauf un œil auquel Dieu accorda son ennoblissement qui pleurera au mal qu’on a fait à Al Hussein (psl) et à la famille de Mouhammad (psl).» Peut-on dès lors refuser d’être chiite, c’est à dire partisan de la famille du Prophète ?
La marginalisation et la censure dont les chiites sont victimes depuis le retour à Dieu du Messager d’Allah, avec son lot de déformations des enseignements originels de l’Islam, sont aujourd’hui visibles, un peu partout à travers le monde. Les musulmans n’ont pas su appliquer les prescriptions de l’Islam originel (un Islam de Paix, d’Amour, de Tolérance, de Partage et de Progrès). Cela se manifeste par les graves confusions, erreurs ou innovations introduites dans les pratiques cultuelles, les croyances et les principes (comme fêter la Tamxarit). Pire encore, les conflits fratricides entre les musulmans d’un même groupe ou de groupes différents ainsi qu’entre eux et les non musulmans sont devenus une tradition. Il en est de même de la généralisation de la violence aveugle sous le couvert fallacieux de jihad, alors que la guerre sainte est un recours ultime que le Prophète Mouhammad (Psl) n’a utilisé que de façon défensive. C’est pourquoi il est rare de voir des chiites se tuer dans des opérations suicides au nom du culte du martyre. Par contre, on les verra toujours négocier pour l’avènement de la paix, à l’instar de l’Imam Hussein (psl) qui déclamait les raisons de son mouvement le jour de Achoura : «Ordonner le bien, interdire le mal et restaurer l’Islam originel.»
Je profite de l’occasion pour demander aux autorités de notre cher Sénégal, pays réputé miroir de la démocratie, dont le respect du droit des minorités est l’un des principes fondamentaux, de mieux prendre en considération notre statut de communauté religieuse, à l’instar de toutes les autres.
L’Imam Hussein a donné sa vie le jour de Tamxarit (Achoura) pour sauver l’Islam originel. Quant à moi, je recommande à mes fidèles et à tous ceux qui le peuvent de faire un don de sang le jour d’Achoura, pour sauver des vies et marquer son amour et sa compassion envers le Prophète Mouhammad et les membres de sa famille (paix et salut sur eux) ainsi que la récitation de 1000 Ikhlass à la mémoire des défunts.