Dans son message à la Nation du 31 décembre 2019, Macky Sall a évoqué, entre autres points, la nouvelle hausse des tarifs de l’électricité, l’avènement de l’Eco, la monnaie unique devant remplacer le franc Cfa dans les pays de l’Uemoa, la campagne de commercialisation de l’arachide.

L’Etat, au cours du dernier trimestre 2019, a décidé de réduire la subvention au secteur de l’électricité. Ce qui a résulté depuis le 1ère décembre 2019 à une nouvelle augmentation partielle des tarifs de l’électricité de 10% et 6%. Mais, rassure le président de la République, «cette mesure n’entraînera aucune hausse du prix de l’électricité pour tous les abonnés relevant de la tranche sociale». C’est-à-dire que 611 mille 203 ménages à faible revenu seront épargnés de cette hausse tarifaire.
En effet, explique le chef de l’Etat, «le gouvernement est en train de mettre en place une stratégie de conversion du gaz en électricité ; ce qui nous permettra, dès le démarrage de notre propre production de gaz en 2022-2023, d’être à l’abri des fluctuations des prix de l’électricité dues à la conjoncture internationale. D’ici là, nous devrons investir 600 milliards de francs Cfa, afin que nos compatriotes qui vivent encore à l’ère de la bougie et de la lampe à pétrole accèdent enfin à l’électricité. C’est cela aussi le Sénégal pour tous». Il a mentionné auparavant que «grâce aux efforts soutenus d’investissement et de réforme, nous avons redressé le secteur et nettement amélioré ses performances, avec une puissance installée de 1 229 Mw».
«Après l’hydroélectricité et le solaire, notre pays entre dans l’ère de l’éolienne, avec la mise en service de 55 Mw sur les 158 Mw prévus à la centrale de Taïba Ndiaye», annonce le Président Sall qui réitère son engagement à servir le Peuple sénégalais et à préparer avec les Sénégalais «le Rendez-vous avec l’avenir ou liggéeyal ëllëk».

«D’ici l’entrée en vigueur effective de l’Eco, rien ne changera…»
Préparer l’avenir, dit-il, «c’est également assumer nos responsabilités en tant qu’Africains, soixante ans après les indépendances, à travers une intégration économique régionale plus forte et plus solidaire». Macky «salue à cet égard le processus de création d’une monnaie unique ouest africaine, l’Eco, à partir de 2020». Pour lui, «c’est une heureuse perspective». Au demeurant, soutient le président de la République, «d’ici l’entrée en vigueur effective de l’Eco, rien ne changera quant à la parité fixe de notre monnaie».
Sur la même longueur d’onde que son homologue ivoirien qui a annoncé la réforme le samedi 21 décembre 2019, lors d’un point de presse co-animé avec le Président Emanuel Macron, le Président Sall confirme qu’au-delà du changement du nom de la monnaie du franc Cfa à Eco, deux autres décisions ont été prises dans le cadre de cette réforme. Il s’agit de l’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la fermeture du compte d’opérations et le transfert à la Bceao des ressources disponibles dans le compte, le retrait de tous les représentants français dans les organes de décision et de gestion de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), notamment du Conseil d’administration de la Bceao, de la Commission bancaire et du Comité de politique monétaire.
Le taux de change fixe par rapport à l’euro, qui assure la parité actuelle, ainsi que la garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France restent maintenus, c’est-à-dire que ces deux piliers ne sont pas concernés par la réforme.

«Endettement prudent et productif»
Malgré la conjoncture mondiale difficile, les fondamentaux de l’économie sénégalaise, d’après le chef de l’Etat, «restent solides, avec une inflation maîtrisée, un endettement prudent et productif, la réduction constante du déficit budgétaire de 6,7% en 2011 à 3,7% en 2019, et un taux de croissance encore supérieur à 6% cette année». Mais, exhorte-t-il, «nous devons aller de l’avant et plus vite, car pour les Peuples qui marchent à l’appel de leur destin, le progrès se mesure par leur capacité de presser le pas pour mieux répondre au commandement de l’histoire». A son avis, «préparer l’avenir, c’est poursuivre la consolidation des bases productives de notre économie». Ainsi, estime M. Sall, «la modernisation progressive des secteurs vitaux de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche rapproche le pays de l’objectif d’autosuffisance alimentaire. Malgré une saison des pluies tardive, les niveaux de production sont satisfaisants. En soutien aux producteurs, le prix plancher du kilogramme d’arachide est maintenu à 210 francs. Grâce aux efforts de mécanisation, de certification des semences, de subvention des intrants, de diversification des spéculations et de multiplication des fermes rurales, les performances de notre agriculture restent constantes».
Cependant, les industriels huiliers publics comme privés peinent-ils à trouver de l’arachide à triturer. Non seulement les récoltes laissent à désirer dans le bassin arachidier, mais également le peu de graines produites sont achetées par les exportateurs chinois qui proposent aux producteurs des prix plus alléchants. Ce qui, selon les acteurs, risque de compromettre l’avenir de la filière.