L’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, a invité samedi les universitaires à être le «moteur» de leur société, comme l’a été, selon lui, le fondateur de la revue Présence africaine, Alioune Diop (1910-1980).
«Alioune Diop a choisi d’offrir à l’Afrique une tribune à travers sa maison d’édition, Présence africaine, et cela a créé tout un bouillonnement (…) Je pense qu’on a besoin d’un moteur comme ça, aujourd’hui», a-t-il dit lors de la cérémonie de présentation des actes du colloque international consacré en 2016 à cet intellectuel sénégalais qui a joué un rôle important dans l’émancipation des cultures africaines.
«Les universitaires devraient jouer ce rôle dans la recherche et la réflexion libre, pour aider nos sociétés à s’élever davantage», a souhaité l’archevêque de Dakar. «On est devenu matérialiste et alimentaire, et cela n’élève pas le débat pour permettre à ce pays de savoir où il doit aller, avec des valeurs qui s’enracinent dans la culture populaire…», a-t-il déploré.
Monseigneur Benjamin Ndiaye estime que le Peuple sénégalais est «prisonnier» de ses hommes politiques. «Nous sommes prisonniers des politiciens. (…) Le politique doit être au service de la cité. Mais aujourd’hui, à travers des querelles politiciennes, on prend en otage la population, qui n’a plus d’autres visées que d’être du bon côté pour bénéficier d’un certain nombre d’avantages», a-t-il dénoncé.
Le Sénégal, dit-il, regorge de ressources humaines capables d’améliorer son existence, selon le guide religieux. «Nos jeunes générations ont besoin de repères…», a-t-il ajouté, rappelant que le but du colloque était de mieux faire connaître Alioune Diop.
Le cardinal Théodore Adrien Sarr, archevêque émérite de Dakar, estime qu’il existe de nombreux chantiers dans lesquels les intellectuels devraient s’engager aux côtés des guides religieux. «Je me demande si les intellectuels du monde noir d’aujourd’hui n’ont pas besoin d’entendre les appels lancés par Alioune Diop pour réfléchir et décider d’activités communes pour nos contemporains», a-t-il dit lors de la cérémonie de présentation des actes du colloque.
Le colloque international organisé du 26 au 29 janvier 2016 avait pour thème : «50 ans après Vatican II, l’Afrique et l’héritage d’Alioune Diop : le dialogue des religions et les défis du temps présent.» Les actes qui en résultent (732 pages) ont été édités par Présence africaine.
Le philosophe Aloyse-Raymond Ndiaye était président du comité scientifique du colloque. Le professeur Abdoulaye Elimane Kane, ancien ministre de la Culture, a rédigé la préface des actes.
Aps